Julhiet Sterwen, cabinet de conseil en transformation et innovation, a fait appel à l’expertise Énergie, du pôle Services Ifop, pour réaliser une étude sur L’achat de l’énergie : au bout d’un an de crise, quelles traces chez les entreprises ?
Quentin Derumaux, Partner chez Julhiet Sterwen , partage les enseignements clés de cette étude et les challenges à venir.
1. Après une année 2022 marquée par une crise d’approvisionnement en électricité et en gaz ayant entraîné des répercussions considérables sur les prix du marché de gros, il vous est paru nécessaire d’interroger les grandes entreprises sur leur stratégie de gestion de l’électricité et du gaz au sein de leurs organisations ?
L’année 2022 a été marquée par une crise de l’offre d’électricité et de gaz aux impacts vertigineux sur les prix de marché de gros. Gardons à l’esprit que certaines entreprises ont vu le prix de leur nouveau contrat multiplié par 5, que certains acheteurs qui rendaient au mieux compte de leur activité tous les deux ans ont dû répondre à des questions de leurs directions tous les jours ou encore qu’ils ont dû parfois faire face au repli, voire à la faillite de leur fournisseur. Si la crise et ses causes ont fait couler beaucoup d’encre, il nous a semblé que personne ne parlait des femmes et des hommes qui ont vécu ce sujet en première ligne dans les entreprises, les personnes en charge des achats d’énergie (qui ne sont pas toujours des acheteurs professionnels).
Nous avons donc souhaité comprendre quelles traces cette crise avait laissées dans la façon dont les entreprises traitent l’électricité et le gaz dans leurs organisations : quelles évolutions des priorités d’achat ? quels impacts organisationnels ? quelles modifications du rapport au(x) fournisseur(s)?
2. Les résultats de l’étude mettent en évidence des tendances émergentes, notamment le constat saisissant que 9 entreprises sur 10 estiment que la crise énergétique vient remettre en question leur organisation en matière d’approvisionnement en énergie. Dans ce contexte, les entreprises aspirent donc à se réformer. Pourriez-vous détailler les raisons derrière ce besoin de transformation ? Comment interprétez-vous cette donnée ?
Nous avons au départ un panel d’entreprises scindé en deux groupes : de 500 à 999 salariés d’une part, plus de 1000 salariés d’autre part. Il faut savoir qu’un grand nombre de salariés n’est pas un indice fiable d’une consommation importante. Certaines entreprises de plus de 500 salariés consomment annuellement à peine plus qu’une boulangerie. En revanche, ces deux segments reflètent bien les comportements d’entreprises « un peu moins structurées » et « un peu plus structurées » dans leurs pratiques de gestion. La diversité du panel se traduit logiquement par une très grande diversité des choix d’organisation comme le montre l’étude. Avant la crise, l’énergie était un de ces sujets pour lequel les entreprises ont du mal à trouver une place « naturelle. » Hormis quelques cas spécifiques, l’énergie a été logée « par défaut » là où on a trouvé des bonnes volontés pour s’en occuper. Ce qui est frappant, c’est que la crise a testé les organisations. Elle a donc révélé de façon presque unanime que ce choix « par défaut » n’est plus tenable. Il ne peut pas répondre aux nouveaux enjeux.
3. Quels sont pour vous les principaux challenges à venir pour les organisations ? Et quelles solutions projetez-vous de mettre en place pour accompagner ces transformations ?
On peut distinguer ce qui relève des constats déjà faits dans les organisations et ceux que l’avenir leur réserve. Avec la crise, les entreprises ont compris qu’elles devaient adapter leurs organisations. Elles reconnaissent largement que l’énergie est une affaire de compétences spécialisées. Il apparaît donc dans l’étude qu’un grand nombre d’entre elles ont investi dans de nouvelles compétences ou les ont mobilisées à l’externe. Pour l’avenir, d’autres transformations importantes se profilent. Les réglementations sur la consommation des bâtiments tertiaires, la couverture en ombrières solaires des parkings ou encore les transformations du marché de l’énergie nécessiteront rapidement l’émergence d’une vraie réflexion stratégique autour de l’énergie, qui connecte mieux les sujets entre eux que l’approche très silotée d’aujourd’hui. Nous accompagnons ces nouvelles réflexions et la montée en puissance de la fonction énergie.
Pour plus d’enseignements clés sur l’étude, cliquez ici
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