“L’un des principaux axes de travail portera sur la promotion de l’exposition médiatique du sport féminin et du parasport, par l’intermédiaire d’opérations de communication et de travaux d’étude dédiés.”

L’Arcom a fait appel au pôle Média & Digital pour réaliser une étude sur la consommation audiovisuelle de la Coupe du Monde 2022. 

Aymeric Duny, chargé de mission économie et diffusion du sport au sein de l’Arcom, partage les enseignements clés de cette étude et les challenges à venir.

1. Pourriez-vous nous expliquer les motivations qui ont conduit à la réalisation de cette étude sur la consommation audiovisuelle des Français pendant la Coupe du monde 2022 ?

L’Arcom a pour mission de garantir l’accès du public le plus large aux grandes compétitions sportives, tout en veillant à l’équilibre économique des chaînes attributaires des droits de retransmission. Nous nous intéressons à ce titre à la manière dont les Français consomment des contenus sportifs dans les médias audiovisuels, s’agissant aussi bien de l’intensité de visionnage que des modes d’accès employés, en vue d’identifier d’éventuelles tendances structurantes dans leurs pratiques, par exemple en matière d’usages illicites ou de recours aux supports numériques.

En tant qu’événement d’importance majeure, objet d’une large couverture médiatique et générateur d’audiences records, la Coupe du monde de football 2022 constituait pour nous un cadre d’étude privilégié afin de mener de telles observations. L’analyse revêtait de surcroît un intérêt tout particulier cette année du fait de la temporalité inédite de la compétition, disputée pour la première fois de son histoire à la fin de l’automne pour des raisons climatiques, ainsi que de l’importante controverse qu’a suscité son organisation au Qatar, matérialisée par de nombreux appels au boycott.

2. Selon l’étude, 94% des téléspectateurs ont opté pour un mode d’accès gratuit, 18% ont choisi un service payant, et la consommation illicite a concerné 8% du public de la compétition. Quel constat faites-vous de ces chiffres, en particulier de la faible proportion de consommation illicite, et quel parallèle pouvez-vous établir avec les nouveaux pouvoirs dont vous disposez depuis le 1er janvier 2022, en matière de lutte contre le piratage (article L. 333-10 du code du sport…) ?

Ces chiffres confirment avant tout l’attractivité sans équivalent des grandes compétitions sportives, qui permettent aux chaînes gratuites d’atteindre des niveaux d’audience bien supérieurs à leur moyenne annuelle, et aux services payants de recruter un nombre conséquent de nouveaux abonnés.

S’agissant de la consommation illicite, les résultats sont effectivement encourageants, mais appellent néanmoins une vigilance accrue. Encourageants car le recours aux sites de live streaming est resté relativement marginal pendant la compétition, malgré un nombre important de rencontres diffusées en exclusivité par un acteur payant, témoignant de l’efficacité du nouveau cadre juridique en vigueur depuis le 1^er janvier 2022. Rappelons à cet égard que 83 sites diffusant la compétition sans autorisation des titulaires de droits ont fait l’objet de mesures de blocages à l’occasion de la Coupe du monde 2022, dont 54 mis en place à la suite des notifications de l’Arcom, en application de l’article L.333-10 du code du sport. La vigilance doit toutefois rester de mise, car nous observons une diversification de la consommation illicite, qui s’effectue désormais tout autant via des applications ou logiciels IPTV que depuis les réseaux sociaux et les plateformes de partage de vidéos. Bien que relativement circonscrites pendant le Mondial 2022, ces nouvelles pratiques, qui concernent en premier lieu le jeune public (15-34 ans), nous invitent à réfléchir à la mise en œuvre de nouvelles solutions techniques.

3. Quels seront les prochains domaines d’intervention prioritaires de l’Arcom ?

Les mois à venir s’annoncent particulièrement riches sur le plan de la médiatisation des contenus sportifs, avec notamment un enchaînement des grandes compétitions internationales organisées sur le territoire français (Coupe du monde masculine de rugby 2023, Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024). Ce contexte exceptionnel invite l’Arcom à poursuivre et intensifier son action en matière d’accessibilité et de représentativité des programmes sportifs audiovisuels.

Outre le respect du décret sur les événements d’importance majeure et la lutte contre le piratage de retransmissions sportives, l’un des principaux axes de travail portera sur la promotion de l’exposition médiatique du sport féminin et du parasport, par l’intermédiaire d’opérations de communication et de travaux d’étude dédiés. Nous venons ainsi de publier un « Panorama des pratiques de consommation audiovisuelle des programmes de sport féminin », visant à appréhender, sur la base d’une enquête omnibus conduite par l’Ifop, l’intérêt des Français pour ce type de contenus.

Pour plus d’enseignements relevés par l’étude sur la consommation audiovisuelle de la Coupe du Monde 2022 , cliquez ici