Retrouvez l’intégralité des résultats de cette enquête ici : https://www.merci-app.com/etude-orthographe-francais
Alors que les élèves de troisième viennent de passer ce lundi 26 juin l’épreuve de français du brevet, incluant l’étape tant redoutée de la dictée, et qu’un discours convenu déplore les fautes d’orthographe dans l’Hexagone, l’Ifop pour MerciApp est parti sonder les Français sur leur rapport à l’écriture : sont-ils fâchés avec l’orthographe ?
Riche en enseignements, cette étude montre que le niveau des Français en orthographe se révèle bien moins satisfaisant que dans leurs perceptions : une courte majorité d’entre eux et moins d’un jeune sur deux obtiennent en effet une note « assez bonne » à notre dictée. Pourtant, les Français perçoivent l’orthographe comme un puissant marqueur social, vecteur de stigmatisation, aussi bien dans les sphères professionnelle et scolaire qu’intime. Notons également que l’étude met en exergue un fort pessimisme des Français : ils sont nombreux à considérer que le niveau en orthographe baisse au fil des années et que le système scolaire n’est pas assez performant sur cette thématique.
LES CHIFFRES CLES DE L’ENQUETE
Une large majorité de Français (85%) estime avoir un bon niveau en orthographe, une proportion considérable parmi les cadres (89% contre 73% chez les ouvriers).
Mais dans les faits, nous constatons que les Français surestiment leur niveau, probable conséquence de la « non-conscience » de leur niveau réel, ainsi que des tabous autour des fautes d’orthographe. Ainsi, s’ils sont 85% à considérer avoir un bon niveau en orthographe, ils ne sont que 58% à obtenir une note supérieure à 12/20 à notre dictée, et seulement 36% à avoir au-dessus de 14/20.
Pourtant, les Français se déclarent massivement sensibles au bon respect de l’orthographe, aussi bien lorsqu’ils écrivent (93%) que lorsqu’ils lisent (88%). Ces chiffres mettent en exergue le profond attachement des Français à l’écriture, qui est le reflet d’un patrimoine culturel partagé.
Mais l’orthographe est également source de stigmatisation… Elle est vectrice de sanctions sociales aussi bien dans les sphères scolaire que professionnelle : 26% estiment en effet que leur orthographe leur a déjà fait vivre des moments anxiogènes au travail, et 14% qu’elle les a empêché d’accéder aux métiers souhaités.
Les effets sociaux désagréables des fautes d’orthographe se retrouvent également dans la sphère intime, 40% estimant en effet qu’elles sont un tue-l’amour. Cette aversion pour les fautes d’orthographe provient principalement des classes moyennes et supérieures (53% des cadres considèrent que c’est un tue-l’amour, contre « seulement » 27% des ouvriers).
Et les Français, restant très attachés à l’écriture, pointent du doigt les lacunes d’apprentissage : près d’un sur deux (45%) estime en effet que le système scolaire n’est pas assez performant sur l’apprentissage de l’orthographe.
Le point de vue de l’Ifop
« Alors qu’une large majorité de Français estime avoir une bonne maîtrise de l’orthographe, notamment chez les cadres, on constate dans les faits qu’ils surestiment leur niveau. Pour preuve, ils ne sont que 58% à obtenir une note supérieure à 12/20 à la dictée que leur a soumis l’IFOP, à partir de phrases basiques et sans piège majeur. Les résultats indiquent également un décalage certain entre générations : quand huit seniors de plus de 65 ans sur dix obtiennent a minima 12/20, moins d’un jeune sur deux seulement y parvient.
Qu’ils aient ou non un bon niveau, les Français sont très sensibles à ce qu’ils lisent et à ce qu’ils écrivent. C’est le reflet d’un patrimoine culturel partagé, d’une vraie valeur sociétale. Ceci explique pourquoi la faute d’orthographe est vectrice de sanction sociale, dans la vie professionnelle comme dans la vie personnelle, y compris dans la sphère intime où elle est considérée comme un « tue-l’amour ». Et l’aversion pour les fautes d’orthographe, comme en témoignent les différences d’appréciation entre cadres et ouvriers par exemple, apparaît comme un puissant facteur de « distinction ».
Alors qu’une récente enquête de la DEPP, diffusée fin 2022 par le ministère de l’Éducation, a montré que les élèves de CM2 font environ neuf fautes d’orthographe de plus que ceux de 1987, les Français pointent logiquement du doigt les lacunes du système scolaire. La moitié d’entre eux considère qu’il est peu performant, une tendance beaucoup plus forte chez les seniors que chez les jeunes. »
Hugo Lasserre, chargé d’études, du pôle actualités et politique de l’Ifop