La retraite apparait aux yeux des seniors comme un idéal de longue date, mais dont l’appétence s’éloigne à mesure que l’échéance s’approche.
Quatre salariés de 50 ans et plus sur dix (41%) déclarent ainsi appréhender leur départ en retraite. Parmi eux, 24% ont hâte d’y être mais l’envisagent avec un peu d’appréhension, et 17% ne s’en réjouissent pas et le considèrent avec beaucoup d’appréhension. Dans ce dernier cas de figure se trouvent surtout les femmes (19%, +4pts vs les hommes), les cadres (22%, +9pts vs les ouvriers), les salariés des secteurs du commerce et des services (21%), les managers (22%, +7pts vs les non-managers), et les aidants (22%, +6pts vs les non-aidants).
Les 60 ans et plus sont également surreprésentés à craindre le départ en retraite : c’est le cas pour 22% d’entre eux, contre 16% des 50 à 59 ans. Conséquence de ces différences de perception, l’âge attendu de départ en retraite varie selon celui des répondants : les seniors de 50 à 59 ans aspirent à cesser de travailler à 61 ans en moyenne, là où leurs ainés de 60 ans et plus l’envisagent plus tardivement, à 63,7 ans en moyenne.
Les seniors demeurent convaincus de l’utilité de leur travail actuel et entretiennent de bonnes relations avec leurs collègues et leur employeur, mais ils souffrent d’un manque de reconnaissance perçu exacerbé.
Environ deux tiers d’entre eux (65%) s’estiment satisfaits de leur situation professionnelle actuelle, un résultat certes positif mais bien inférieur au score mesuré auprès de l’ensemble des salariés en France (74%) et des salariés de moins de 40 ans (75%) (norme de climat interne Ifop réalisée en novembre 2022). Plus spécifiquement, les seniors évaluent très positivement différents critères liés à l’ambiance de travail : 88% se sentent intégrés au sein de leur entreprise, 86% ont le sentiment d’effectuer un travail utile, et 74% sont fiers de travailler pour leur employeur.
Mais la reconnaissance perçue au travail, qui constitue un des talons d’Achille de la culture managériale française, est le moins souligné par les seniors : moins de la moitié d’entre eux (46%) considèrent ainsi que leur travail est reconnu à sa juste valeur, contre 52% de l’ensemble des salariés en France et 54% des moins de 40 ans, des chiffres déjà faibles dans l’absolu et largement en deçà de ceux mesurés auprès des salariés d’autres pays.
Signe du handicap que peut constituer l’âge dans le monde professionnel, plus de la moitié des seniors (53%) témoignent avoir récemment vécu une forme de discrimination en raison de leur âge.
Les discriminations financières sont les plus retracées par les interviewés, 35% d’entre eux ayant le sentiment d’avoir été moins augmenté(e)s en raison de leur âge. Entre 22% et 28% évoquent ensuite des mises au placard ou des remarques dévalorisantes : le fait de ne pas avoir accédé à des postes à responsabilité (28%), d’avoir été mis(e) à l’écart de certaines missions (25%), d’avoir vu leurs capacités mises en doute (23%) ou encore d’avoir reçu des remarques ou propos négatifs (22%). Enfin, 17% mentionnent que l’équipe leur a fait comprendre qu’elle aurait préféré avoir un(e) collègue plus jeune.
En lien avec ces résultats, 36% seulement des seniors interrogés déclarent avoir des possibilités d’évolution professionnelle, un score largement inférieur à la moyenne des salariés en France (50%) ou encore aux moins de 40 ans (56%), preuve d’un horizon bouché pour les seniors au sein de leur entreprise.
Malgré tout, l’attachement des seniors au travail reste très fort : la majorité d’entre eux aimeraient poursuivre une activité rémunérée une fois à la retraite, et ils aspirent à l’autonomie et la liberté permises par le statut de freelance.
58% souhaiteraient en effet continuer de travailler dans au moins un contexte testé, ponctuellement et en complément de leur retraite, signe que ce n’est pas le travail dans l’absolu qui est rejeté mais bien parfois ses conditions d’exercice. Parmi les plus intéressés figurent un profil bien particulier de répondants : les 60 ans et plus (63%, hommes comme femmes), les cadres (65%), les managers (67%), les salariés travaillant dans les activités de services spécialisées, administratifs et de soutien (67%), les télétravailleurs (63%), les salariés n’ayant pas hâte d’être à la retraite et qui l’envisagent avec beaucoup d’appréhension (77%), et ceux qui ont le sentiment d’être accompagnés dans la gestion de leur parcours professionnel (63%).
Près des deux tiers d’entre eux estiment que certains aménagements de travail en faveur de plus de liberté les inciteraient à exercer une activité rémunérée en complément une fois à la retraite. La possibilité de choisir leurs missions séduirait 66% des seniors, et de ne pas travailler à temps plein et d’aménager leurs horaires de travail 65%. Le statut de freelance séduit 37% des seniors, une proportion qui grimpe néanmoins à 44% si le freelancing était combiné à la possibilité de bénéficier de certains avantages du statut de salarié (comme les protections sociales et maladie).