Les Français se posent fréquemment des questions juridiques
C’est peut-être le premier enseignement de cette étude, le droit est au cœur de la vie des Français. Dans une société où la norme juridique occupe une place prépondérante, les Français sont régulièrement amenés à se poser des questions juridiques. 60% des sondés indiquent ainsi se poser des questions juridiques souvent ou de temps (dont 23%, plusieurs fois par an). Fait révélateur de la place du droit dans la société française, tous les Français sont concernés par les sujets juridiques, quel que soit leur âge, leur situation professionnelle ou maritale. L’étude permet néanmoins d’identifier des publics surexposés à ces enjeux. Il en va ainsi notamment des dirigeants d’entreprise : 38% expliquent ainsi se poser souvent des questions juridiques au quotidien (contre 23% des Français en général). Les demandeurs d’emploi – public plus fréquemment amenés à faire des démarches au quotidien – sont aussi plus concernés (31%). L’analyse des résultats met aussi en évidence un effet du niveau de diplôme : la propension à se poser des questions sur des sujets liés au droit croît avec le niveau d’études, allant de 15% parmi les non diplômés à 35% parmi les détenteurs d’un master ou d’un doctorat. Un phénomène qui s’explique probablement par le fait que les publics les plus diplômés sont plus sensibilisés aux risques juridiques et de fait se posent davantage de questions sur ces sujets.
Vie professionnelle, immobilier, situations familiales… Les Français sont confrontés à des enjeux de droit dans une multitude de situations
Dans quelles situations les Français se posent des questions juridiques ? Là encore, les résultats de l’étude mettent en évidence la grande diversité de circonstances pouvant conduire à de telles questions. L’immobilier est le premier domaine évoqué (26%). Achat d’un logement (10%), réalisation de travaux (7%), location (5%), déménagement (3%), construction (2%)… Autant de situations qui suscitent des interrogations en matière de droit et qui concernent encore davantage les propriétaires (33%). Viennent ensuite les situations familiales et notamment les interrogations juridiques qui se posent lors du décès d’un proche (9%), d’une séparation (8%) ou plus rarement à la naissance des enfants (3%). La vie professionnelle n’est pas non plus exempte de questions juridiques (14%), notamment lors d’un licenciement (6%), d’un changement d’emploi (3%), de la création d’une société (3%) ou d’un départ à la retraite (2% et 7% des retraités). Probablement car ils sont davantage exposés à la pénibilité et aux situations conflictuelles, les ouvriers sont plus nombreux à se poser des questions lors d’un litige avec leur employeur (16%). Les dirigeants d’entreprise évoquent quant à eux les sujets de droit liés à la création d’une société (16%). Enfin notons qu’une multitude d’autres situations peuvent conduire les Français à se poser des questions de droit : relations avec l’administration (12%), problèmes de santé (4%), achat ou vente d’un véhicule (4%), voyage (2%). Il n’y a donc pas un domaine qui concentre l’essentiel des questions, mais une multitude de sujets.
Dans une société digitalisée, les Français s’auto-informent par internet
Les résultats de l’étude mettent en évidence une autre tendance : l’auto-information en matière juridique par internet. Dans une société digitalisée où l’information juridique est foisonnante, les Français s’informent avant tout par internet (33%), notamment les sites juridiques spécialisés (27%) et plus rarement les forums (7%). Il s’agit du premier vecteur d’informations utilisées, devant le recours à un professionnel du droit (22% dont 11% un avocat), la consultation de l’entourage (21%) ou de l’assurance (14%). Internet est le premier vecteur cité, dans la quasi-totalité des strates de la société française, à une exception près. Les plus de 65 ans – public moins familiarisé aux outils numériques – évoquent davantage les professionnels du droit (28% contre 27% pour internet). Paradoxalement, alors même qu’ils estiment très largement que le droit est complexe (89% dont 39% « tout à fait d’accord ») et qu’ils sont moins d’un sur deux à se sentir bien armé pour faire face à une question juridique (40%), les Français s’informent avant tout par internet. Ce phénomène – similaire à celui observé dans le domaine médical avec l’auto-diagnostic par les forums comme Doctissimo – s’explique probablement par la quantité d’informations disponibles et par le sentiment qu’elles sont fiables (88%), pertinentes (84%) et compréhensibles (79%). Soulignons d’ailleurs que les sites web juridiques spécialisés bénéficient d’un niveau de confiance élevé dans la population avec 80% des Français qui indiquent qu’ils feraient confiance à l’information qui y est délivrée en cas de problème juridique. Ces sites internet bénéficient donc d’un niveau de confiance comparable à celui des assureurs (82%) ou des associations de consommateurs (77%). Le niveau de confiance est légèrement inférieur à celui exprimé à l’égard des professionnels du droit (93% pour les avocats, 90% pour les autres professionnels), mais supérieur à celui enregistré vis-à-vis des représentants du personnel et syndicaliste (63%), des plateformes téléphoniques spécialisés dans le conseil juridique (62%) et dans les forums de discussion (31%).