Dépourvu d’une majorité absolue et en parallèle du recours à plusieurs reprises à l’article 49.3 de la Constitution pour s’extraire d’une situation de blocage parlementaire, Emmanuel Macron a récemment brandi la menace d’une dissolution de l’Assemblée nationale. Une éventualité retentissante et inédite, matière à débat et spéculation électorales, qui signifierait le renvoi des Français aux urnes pour de nouvelle élections législatives moins de six mois après l’élection de juin. Cette possibilité divise fortement les Français, dont une majorité relative – là aussi – se montre favorable à une dissolution (43%) tandis qu’un petit tiers (32%) s’y déclare opposé.
Fait notable, les sympathisants du parti du président de la République, pourtant à l’origine de la menace de dissolution, apparaissent comme les moins favorables à l’idée de sa concrétisation (17%). La crainte de nouvelle élections législatives qui, plutôt que permettre de « trouver » une majorité absolue, aggraveraient encore la situation, est donc présente dans les esprits du camp présidentiel. A l’inverse, les proches des oppositions, pourtant pas certaines d’y gagner non plus, s’avèrent les plus motivés à l’idée de retourner sur le terrain électoral : c’est le cas de 65% des sympathisants du Rassemblement National et 59% de ceux de la France insoumise. C’est également le cas de 69% des électeurs en 2022 d’Éric Zemmour, dont le parti Reconquête ! ne détient à l’heure actuelle aucun siège à l’Assemblée nationale.
Alors que la possibilité d’une dissolution est fréquemment évoquée dans les médias, il est à noter que l’éventualité d’un retour aux urnes laisse pourtant de marbre un quart des Français (25%) qui se déclarent indifférents à cette idée. Se retrouvent parmi eux les fractions traditionnellement les moins politisées de la population : les Français sans sympathie partisane (39%), les non-inscrits sur les listes électorales (38%), les moins de 25 ans (34%), les chômeurs (30%) et les femmes (29%). Dans un contexte de désaffection grandissante envers la vie politique constatée parmi les Français, cette part non négligeable d’indifférents révèle une forme de décalage entre le fort traitement médiatique de l’éventualité d’une dissolution et son plus faible écho au sein de la population.