Dans un contexte de tensions sur l’équilibre budgétaire du système social français, la question de dérembourser les arrêts de travail délivrés en téléconsultation apparaît comme un nouveau point de division dans l’opinion. Ainsi, une majorité de Français (57%) soutient la volonté du gouvernement énoncée dans le budget de la sécurité sociale de mettre un terme à l’indemnisation, à partir du 1er juin 2023, des arrêts de travail délivrés à l’issue d’une téléconsultation (sauf lorsqu’ils seront prescrits par le médecin traitant ou un médecin vu au cours des douze derniers mois).
Une décision qui se heurte donc à l’opposition de plus de deux Français sur cinq (43%). Et ceci tout particulièrement à celle des plus jeunes (63% de « pas favorables » parmi les moins de 35 ans) et des employés (56%). De fait, ce sont les catégories peu fortunées qui craignent le plus ce frein à l’usage, moins onéreux, des téléconsultations médicales (52% d’opposition parmi les catégories pauvres). En outre, alors que le sujet des déserts médicaux demeure toujours aussi pressant, il n’est guère surprenant de trouver une plus forte opposition au projet du gouvernement parmi les ruraux (47%) que parmi les urbains ayant à disposition une offre médicale en partie moins lacunaire.
A l’inverse, se retrouvent parmi les soutiens à cette mesure annoncée par Gabriel Attal les générations les plus âgées (71% de favorables parmi les 65 ans et plus). Alors que cette population pourrait être perçue comme la principale bénéficiaire de la réduction des déplacements engendrés par la téléconsultation, une moindre maîtrise et une plus grande défiance à l’égard des nouvelles technologies cumulés à un souhait de contact humain semble détourner les seniors de cette pratique. Surtout, les 65 ans et plus figurent parmi les plus favorables à ce projet de déremboursement des arrêts de travail… alors qu’ils ne travaillent plus. Comme sur le sujet des retraites, les plus vieux, donc les moins concernés, sont toujours les plus adeptes du tour de vis
Et si le déremboursement des arrêts de travail suite aux téléconsultations fait grincer des dents à gauche (seulement 50% de soutien dont 43% parmi les sympathisants de la France Insoumise), il fait davantage consensus plus à droite. Les sympathisants de Renaissance en sont les plus fervents défenseurs (86%), devant ceux du Rassemblement National (64%) et des Républicains (59%).