Un climat général qui se détériore pour les chefs d’entreprise, dans un contexte de crise internationale, économique et social.
Un niveau d’optimisme général en baisse et des répercussions fortes attendues sur tous les niveaux, en hausse par rapport à 2021.
Si 78% des chefs d’entreprise se déclarent optimistes concernant la situation de leur entreprise, dont 11% très optimistes, ils ne sont qu’une petite majorité (52%) à se déclarer optimistes vis-à-vis de l’économie française, dont seulement 3% très optimistes. Ces deux scores enregistrent une baisse significative par rapport à 2021, respectivement -7 points pour leur entreprise et -20 points pour l’économie française, sans doute du fait d’une inquiétude croissante au regard de l’actualité perturbée par la crise internationale, économique et sociale. Les chefs d’entreprise se montrant les plus optimistes sont ceux issus du commerce, quand ceux de l’agriculture et de l’industrie, plus frontalement touchés par la hausse des prix de l’énergie et le dérèglement climatique, se montrent encore plus pessimistes.
Interrogés sur leur anticipation des répercussions des différentes crises actuelles, les chefs d’entreprise redoutent le plus fortement celles sur l’économie européenne et française, à hauteur de 91% (+5 points vs 2021). Ils sont par ailleurs 75% à anticiper de fortes répercussions sur la région d’implantation de leur entreprise, ou encore 70% pour leurs clients et 64% pour leur propre entreprise. Ces deux derniers scores n’ont jamais été aussi haut depuis le début de la mesure (août 2020), signe d’un impact concret et direct pour les entrepreneurs, plus encore que lors de la première année de crise covid.
Conséquence : un niveau de confiance en la capacité de différents acteurs à surmonter la crise qui s’effrite.
Si les chefs d’entreprise se montrent toujours confiants vis-à-vis de la capacité de leur propre entreprise à surmonter la crise, à hauteur de 86% (dont 14% tout à fait confiants), ce score enregistre une baisse de -6 points par rapport à 2021. De la même manière, si la confiance en l’économie française et européenne, les clients et la région d’implantation de l’entreprise se maintient pour plus de 7 chefs d’entreprise sur 10 (de 69% à 77%), tous ces acteurs connaissent une baisse de confiance significative, de -9 points à -10 points par rapport à 2021. A noter, les niveaux de confiance à surmonter la crise, se situent exactement dans le même étiage qu’en août 2020, après le premier le confinement.
Ce climat morose se traduit par des craintes multiples : celle des difficultés de recrutement arrive en tête pour 1 chef d’entreprise sur 2 (dont 32% cité en premier), conséquence indirecte de la crise du covid et des remises en question professionnelles qui l’ont accompagnées. Puis, dans un contexte de crise internationale de ressources et de matières premières, l’augmentation des prix de l’énergie (23% en premier et 47% au total) et les difficultés d’approvisionnement (19% en premier et 37% au total) viennent compléter le podium. Le ralentissement de l’activité constitue aussi une crainte pour près d’1 chef d’entreprise sur 3 (10% en premier, 29% au total), tandis que les difficultés de trésorerie, le gel des budgets des entreprises sont craints dans une moindre mesure (15%, dont 7% en première citation). Seuls 2% des chefs d’entreprises ne redoutent aucune de ces répercussions dans les mois qui viennent.
En dépit de ces éléments conjoncturels, les chefs d’entreprise se veulent positifs vis-à-vis de la situation de leur entreprise.
Près d’1 chef d’entreprise sur 2 (47%, dont 29% en premier) citent en effet le fait que le carnet de commande soit rempli comme première raison d’espérer quant à la situation économique.
41% espèrent également une amélioration de la conjoncture nationale et internationale dans les mois qui viennent (dont 19% en premier), tandis que 36% se réjouissent de l’absence de difficultés de trésorerie (dont 18% en premier). 32% anticipent ensuite un moindre impact de la crise sur leur secteur d’activité (dont 15% en premier) et 29% voient d’un bon œil les mesures de soutien au pouvoir d’achat à venir (dont 16% en premier). A nouveau, seuls 3% des chefs d’entreprises n’évoquent aucune raison d’espérer quant à la situation économique dans les mois qui viennent – une proportion marginale qui se veut rassurante.
On constate de surcroît une légère amélioration de la situation financière des entreprises par rapport à 2021.
¼ des chefs d’entreprise déclarent en effet que la situation financière de leur entreprise s’est améliorée par rapport à l’année dernière, un score en légère hausse par rapport à 2021 (+2 points d’amélioration, après un bond de 15 points en 2021 par rapport à 2020). 56% déclarent qu’elle est restée stable, contre 54% en 2021, tandis que 19% affirment qu’elle s’est détériorée – une proportion en baisse par rapport à 2021 (-3 points, et -27 points par rapport à 2020). Cette tendance à l’amélioration semble ainsi se maintenir dans le temps malgré la conjoncture actuelle. Dans le détail, on observe une détérioration de la situation financière des entreprises plus marquées auprès de celles œuvrant dans les secteurs de l’agriculture et de l’industrie et du BTP (25%, +6 points par rapport à la moyenne).
85% des chefs d’entreprises estiment par ailleurs la situation financière actuelle de leur entreprise comme saine (+2 points vs 2021, après une hausse de +10 points vs 2020, signe là encore d’une tendance qui se maintient dans le temps), dont 19% très saine. Les plus convaincus sont ceux œuvrant dans le secteur du commerce.
En parallèle, si 39% déclarent cette année avoir souscrit un prêt garanti par l’Etat (PGE)*, 81% d’entre eux déclarent être en mesure de rembourser ce prêt à échéance, dont 1 chef d’entreprise sur 2 (51%) qui se déclare certain. Les chefs d’entreprises issus du Nord-Est de la France et du secteur du BTP sont plus nombreux à avoir contracté ce prêt (respectivement 46% et 53%). A cela s’ajoutent également 11% de chefs d’entreprise qui déclarent avoir déjà remboursé ce prêt, soit finalement une très faible part de chefs d’entreprises (7%) estimant ne pas pouvoir le rembourser à échéance.
NB: 39% des chefs d’entreprises déclarent cette année avoir souscrit un PGE, alors qu’ils étaient 46% en 2021. L’hypothèse retenue est celle d’une sous-déclaration de la souscription d’un PGE auprès de l’échantillon cette année, sans doute certains l’avaient-ils déjà remboursé et ont anticipé la question suivante. Ils auraient ainsi déclaré ne pas avoir souscrit de prêt, celui-ci n’étant plus d’actualité.
Les chefs d’entreprises se montrent ainsi prudents vis-à-vis de la situation financière à venir de leur entreprise, et les adaptations prévues vont avant tout dans le sens d’une augmentation de la rémunération des collaborateurs.
71% des chefs d’entreprise estiment que la situation financière de leur entreprise restera stable au cours des 6 prochains mois, soit un bond de +10 points par rapport à 2021. Ils sont en parallèle 17% à estimer que la situation financière de leur entreprise va s’améliorer au cours des 6 prochains mois. Si ce score se révèle moins important qu’en 2021 (-13 points), il se maintient toutefois à un niveau proche de celui observé en 2020 (14%, +3 points). Les chefs d’entreprise des services sont ici les plus représentés (19%, +2 points par rapport à la moyenne). Ils ne sont enfin que 12% à estimer que la situation se détériorera, un score néanmoins doublé par rapport à 2021 (6%), tandis qu’il était de 16% en 2020.
Cet optimisme en demi-teinte a des conséquences sur les évolutions envisagées au sein de l’entreprise : si une proportion non-négligeable de chefs d’entreprise (43%) ont l’intention d’augmenter la rémunération de leurs collaborateurs dans les mois qui viennent (+15 points) – pour pallier à la baisse du pouvoir d’achat et renforcer l’attractivité de l’entreprise – et d’augmenter leurs effectifs, ils sont moins nombreux qu’en 2021 à souhaiter augmenter les projets de développement (39%, -4 points), les investissements (27%, -6 points), les projets de communication (26%, -1 point) ou encore les projets de recherche (23%, -1 point).
Ils demeurent cependant une large majorité (de 52% à 66% selon les items concernés) à déclarer vouloir ne rien changer, tandis que la part de chefs d’entreprise souhaitant réduire les investissements n’est que marginale (de 1% à 6%).