Loin d’être un sujet anodin, la place des animaux de compagnie dans les foyers met en exergue la persistance d’une inégalité de genre dans le couple.
En effet, il semblerait que la charge d’un animal n’échappe pas aux normes de genre en vigueur dans la majorité des couples français puisque ce sont bien les femmes qui sont, comme dans les autres domaines de la vie domestique, en première ligne dès lors qu’il s’agit d’assumer les soins que requièrent nos compagnons à quatre pattes. Source de tensions, cette situation est susceptible, comme le montre cette enquête, d’entrainer des disputes récurrentes, voire d’être la cause de ruptures.
Ainsi, si cette étude Ifop pour Vetocanis révèle que nos amis à poil exercent un réel pouvoir d’attraction en matière de séduction, elle montre aussi une forme de désenchantement dans le couple.
L’animal de compagnie, source de charge mentale supplémentaire pour les femmes et de tensions dans le couple
- Quand bien même elle est souvent le fruit d’une décision collégiale au sein du foyer, l’arrivée d’un animal de compagnie implique dans de nombreux cas une surcharge de travail domestique pour les femmes. 81% d’entre elles estiment, à divers titres (achat de la nourriture, rendez-vous chez le vétérinaire, gestion de la garde de l’animal pour les vacances…) en faire plus que leurs conjoints, ces derniers étant 64% à dire qu’ils sont plus concernés que leurs partenaires. A l’image de diverses autres tâches domestiques, la charge des animaux de compagnie active une logique patriarcale dans la plupart des foyers français.
- Cette inégale répartition des tâches liées aux animaux de compagnie se ressent directement dans les couples puisque près d’un tiers (31%) déclarent se disputer en raison du manque d’implication de l’un des conjoints. Là aussi les femmes s’avèrent plus à la peine : 35% d’entre elles disent se disputer avec leur conjoint(e) à ce sujet contre 27% des hommes. Les couples de jeunes semblent également plus fragilisés par la charge des animaux de compagnie, surement car plus soucieux d’avoir une égale répartition des tâches domestiques : 46% des moins de 35 ans se disputent à ce propos contre 23% des 65 ans et plus.
- Les conséquences d’une inégale prise en charge des animaux de compagnie dans le couple peut parfois entraîner des conséquences plus graves. En effet, 16% des personnes ayant fait l’expérience du couple avec un animal estiment s’être séparés pour cette raison. Un score particulièrement fort chez les jeunes, souvent possesseurs d’un animal de compagnie avant d’entamer une relation : 42% des 18-24 ans déclarent que leur couple en a déjà fait les frais, contre 12% des 50-64 ans ou 8% des 65 ans et plus. Entre recherche d’égalité plus forte et découverte de la vie à deux, les animaux de compagnie peuvent constituer un véritable « handicap » dans la vie d’un jeune couple.
Intimité exigée par sept Français sur dix
- Autre sujet dans un couple quand on possède un animal de compagnie : la vie intime. S’ils prennent fréquemment leurs aises jusque dans la chambre à coucher, chiens et chats sont invités par une large majorité de Français à quitter les lieux lorsque leurs propriétaires y font l’amour. Ainsi, 72% des personnes interrogées ne pourraient pas avoir un rapport sexuel en présence de leur animal, situation qui dérange plus les femmes (75%) que les hommes (67%).
Objet de tensions, certes, mais aussi de séduction
- Avant d’être sources de tensions pour certains couples, les animaux de compagnie peuvent pourtant occuper une place importante dans la phase de séduction. D’abord parce qu’avoir un animal peut aider à séduire les personnes en possédant : 31% d’entre elles trouvent cela plus attirant. Et les très jeunes Français s’avèrent plus sensibles à ce critère : 40% des 18-24 ans trouvent qu’une personne avec un animal est plus attirante, contre 30% des 25-34 ans.
- Cette attirance plus forte pour les maitres d’animaux semble se traduire dans les faits, que ce soit du côté du séduit ou de celui qui séduit. En effet, plus de 4 propriétaires sur 10 (41%) expliquent qu’ils ont ou pourraient se servir de leur animal pour entamer une relation avec une personne en lui montrant qu’ils ont un point commun ou encore l’attendrir.
- Les animaux de compagnie ont également leur rôle à jouer dans la naissance d’une idylle. Ces derniers prennent une part, certes marginale mais réelle, dans le déclenchement de relations amoureuses. Qu’il soit principal ou secondaire, le rôle qu’ils jouent a été pour 17% des Français à l’origine d’une relation, proportion qui atteint 25% chez les jeunes de moins de 35 ans.
Le point de vue de François Kraus, directeur du pôle Genre/Sexualité à l’IFOP
Cette étude, la première à s’intéresser au partage des tâches liées aux animaux au sein du foyer, met en exergue la même tendance à une inégalité entre les sexes que celle que l’on retrouve dans la prise en charge des tâches ménagères en général. Même si le choix d’un animal de compagnie relève souvent d’une décision collective, c’est in fine la femme qui en assume le plus souvent la charge car c’est à elle que les stéréotypes de genre assignent la responsabilité de la bonne tenue de la maison. Le fait de prendre soin des animaux obéit également à la logique du « care », qui s’applique aux enfants et aux personnes âgées dont s’occupe majoritairement la gent féminine. Cette surcharge de travail domestique est une source de tension potentielle au sein des couples, et peut même, comme l’indiquent particulièrement les plus jeunes, conduire à une séparation ou en constituer l’un des éléments déclencheurs.
CONTACTS :
François KRAUS, responsable de l’expertise « Genre, sexualités et santé sexuelle » à l’Ifop
Cette étude a été menée sous la direction de François Kraus, directeur du pôle “Politique / Actualités” de l’Ifop, en partenariat avec l’agence Flashs. Pour toute demande de renseignements à propos de cette étude ou pour obtenir des informations quant aux conditions de réalisation d’une enquête du même type, vous pouvez contacter directement François Kraus au 0661003776 – francois.kraus@ifop.com .