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Les Français face à la lutte contre le racisme et la question des discriminations au travail

Dans une campagne électorale marquée par une banalisation des thématiques identitaires (ex : “grand remplacement”) et un potentiel de suffrages record pour les candidats nationalistes (entre 30 à 35% d’intentions de vote à un mois du scrutin), les Français sont-ils devenus insensibles à la lutte contre le racisme et, plus largement, aux diverses formes de discriminations subies par les minorités dans leur vie en général et dans leur vie professionnelle en particulier ? A l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale (21 mars), l’Ifop a mené pour MakemyCv une grande enquête qui s’avère riche en surprises et enseignements :

 

1. Bien que l’assise électorale de l’extrême-droite n’est jamais été aussi forte (32% des suffrages au 16 mars 2022, contre 26% au premier tour en 2017 ou 19% en 2002), les Français restent toujours aussi sensibles à la lutte contre le racisme : 62% d’entre eux estiment qu’une « lutte vigoureuse contre le racisme est nécessaire en France », soit un niveau semblable à celui mesuré par la CNDH il y a dix ans (60% en 2012) ou vingt ans (59% en 2002) lors des précédentes élections présidentielles.

 

2. Ce hiatus entre leur comportement électoral et leur sensibilité antiraciste tient sans doute au fait la « question raciale » pèse encore peu dans les préoccupations déterminant le vote des électeurs : à peine un électeur sur trois (33%) déterminera son vote en fonction de la lutte contre le racisme et les discriminations liées aux origines ethniques, soit moins que d’autres enjeux « progressistes » comme la lutte contre le sexisme (50%), les LGBTphobies (36%) ou les discriminations liées à la religion (37%).

 

3. Contrairement aux discours dénonçant un « wokisme » ambiant qui rendrait les électeurs ultra-sensibles aux grandes questions de société (ex : féminisme, antiracisme,…), l’analyse des motivations des électeurs montre que ces derniers voteront moins en fonction des thèmes chères à la gauche progressiste qu’en fonction de besoins matérialistes et socioéconomiques (pouvoir d’achat, santé, éducation, sécurité des biens et des personnes).

 

4. Ce faible poids des questions de discriminations dans le vote des Français tient sans doute au fait qu’aujourd’hui, les discriminations liées aux origines (ex : géographiques, ethniques, religieuses…) affectent peu la population majoritaire mais surtout des minorités « racisées » [telles que l’Ifop les identifient via la question du « groupe ethnique perçu par autrui » recommandée par la CNIL pour les études sur les discriminations] notamment dans leur accès à l’emploi.

 

5. Une majorité des personnes racisées estiment ainsi avoir déjà été victimes de discriminations raciales lors de la recherche d’un emploi (51%), soit trois fois plus que la moyenne observée chez l’ensemble des Français (16%). Elles sont aussi beaucoup plus affectées que la moyenne par des discriminations lors de la recherche d’un logement (36%, contre 14% chez l’ensemble des Français), d’un contrôle de police (32%, contre 12% chez l’ensemble des Français) ou lors d’une demande de prêt (17%, contre 9% chez l’ensemble des Français).

 

6. Mais ces discriminations ethniques n’affectent pas ces minorités qu’à la porte d’entrée des entreprises. Pour beaucoup, elles continuent aussi tout le long de leur vie professionnelle si l’on en juge par le nombre élevé de victimes de propos humiliants liés aux origines ethniques parmi les personnes racisées (33%, contre 6% chez les non racisées) ou de de propos insultants liés les croyances religieuses parmi les salariés musulmans (37%, contre 4% chez les athées).

 

7. Mettant en évidence la dimension intersectionnelle des discriminations au travail, cette enquête rappelle que dans les processus de stigmatisation, les variables les plus lourdes sont bien d’ordre « ethnico-culturelle » : la proportion de victimes d’au moins une forme de harcèlement étant très largement supérieure à la moyenne chez les personnes se percevant comme « non-blanches » (50%, contre 33% chez les non racisées), les minorités religieuses (ex : 58% chez les musulmans) ou les salariés de nationalité étrangère (69%).

 

8. Cependant, le caractère protéiforme de ces discriminations se doit être d’être signalé tant les diverses formes de discriminations ou de harcèlement mettent en jeu tous les mécanismes de dévaluation des individus situés en dehors des normes (cf « body-shaming ») ou du groupe majoritaire. Cela transparaît dans la surexposition des homosexuelles (46%, contre 29% des hétérosexuelles), des handicapés (49%, contre 29% des valides), des obèses (40%) ou des femmes (37%, contre 27% des hommes) à ce type de comportements discriminatoires.

 

9. Et malgré l’ampleur des actions menées sur le sujet ces dernières années, ce type de problème ne semble pas forcément disparaître au contraire… La proportion de salarié(es) ayant déjà été victimes d’une discrimination lors du recrutement a presque doublé en une douzaine d’années, passant de 5% en 2008 à 12% en 2022 dans le secteur non marchand et de 8% en 2008 à 13% en 2022 dans le secteur marchand.

Thomas Pierre, chargé d’études à l’Ifop

 

Cette étude a été menée sous la direction de François Kraus, directeur du pôle “Politique / Actualités” de l’Ifop, en partenariat avec l’agence Flashs. Pour toute demande de renseignements à propos de cette étude ou pour obtenir des informations quant aux conditions de réalisation d’une enquête du même type, vous pouvez contacter directement François Kraus au 0661003776 – francois.kraus@ifop.com

Document à télécharger

Les résultats

Méthodologie de recueil

L’enquête grand public a été menée auprès ;d’un échantillon de 2 000 Français, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. L’enquête salariée a été menée auprès d’un échantillon de 4 026 salarié(e)s, représentatif de la population française salariée âgée de 18 ans et plus.
La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas au regard : De critères sociodémographiques : sexe, âge de l’individu ; De critères socioprofessionnels : profession de l’individu, secteur d’activité, nature de l’employeur ; De critères géographiques : région et taille de l’unité urbaine de la commune résidence
Les interviews de l’enquête grand public ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 9 au 12 mars 2022.
Les interviews de l’enquête salariée ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 22 au 28 février 2022.

Vos interlocuteurs

François Kraus Directeur du pôle Politique / Actualités - Opinion & Stratégies d'Entreprises

Louise Jussian Cheffe de groupe - Département Opinion & Stratégies d'Entreprise

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L’enquête grand public a été menée auprès ;d’un échantillon de 2 000 Français, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. L’enquête salariée a été menée auprès d’un échantillon de 4 026 salarié(e)s, représentatif de la population française salariée âgée de 18 ans et plus.
La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas au regard : De critères sociodémographiques : sexe, âge de l’individu ; De critères socioprofessionnels : profession de l’individu, secteur d’activité, nature de l’employeur ; De critères géographiques : région et taille de l’unité urbaine de la commune résidence
Les interviews de l’enquête grand public ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 9 au 12 mars 2022.
Les interviews de l’enquête salariée ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 22 au 28 février 2022.

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