Dans le cadre de la campagne présidentielle, Vae Solis a souhaité s’associer à l’IFOP pour comprendre les ressorts profonds de l’électorat en analysant six thèmes structurants la société française. Cette cinquième enquête d’opinion porte sur un sujet qui est au cœur de la campagne électorale : le travail. Alors que la question du pouvoir d’achat et du temps de travail sont questionnées, il nous a semblé opportun de réaliser une enquête destinée à dresser un état des lieux des opinions et attentes des Français sur ce sujet.
Cette enquête est le cinquième volet du dispositif IFOP pour VAE Solis, elle fait suite à un sondage sur le déclin : Opinions et perceptions des Français à l’égard du déclin de la France – IFOP ; l’identité L’identité de la France est-t-elle menacée ? – IFOP ; Quel regard porte les Français sur l’avenir du modèle social ? – IFOP et les territoires Crise du Covid 19 : une nouvelle donne pour les territoires ? – IFOP
Les Français sont partagés dans leur rapport au travail
Premier constat de cette enquête, les représentations des Français à l’égard du travail sont partagées, 56% estiment qu’il s’agit d’une contrainte nécessaire pour subvenir à ses besoins, contre 44% qui estiment qu’il s’agit d’un moyen pour s’épanouir dans la vie. L’analyse des résultats met en lumière des clivages importants au sein de la population française : les 50-64 ans (63%), les ouvriers (71%) sont ainsi significativement plus nombreux à voir le travail comme une contrainte alors qu’à l’inverse les cadres le voient davantage comme un moyen de s’épanouir.
La question de la rémunération du travail est au cœur des attentes des Français
Alors que le pouvoir d’achat est au cœur des préoccupations des Français, il est frappant de voir à quel point il y a un consensus au sein de la population sur le fait que le travail ne paie pas suffisamment par rapport au coût de la vie (91% dont 48% « tout à fait d’accord »). De surcroît, la rémunération est le premier motif d’insatisfaction des actifs (47%), loin devant la charge de travail trop importante (11%), la mauvaise ambiance de travail (7%), le contenu du travail peu intéressant (8%), le sentiment de ne pas voir la finalité de son travail (4%), les mauvaises relations avec le supérieur hiérarchique (4%). A l’inverse, les actifs mettent surtout en avant comme motif de satisfaction, la liberté et l’autonomie dans leur travail (22%) et la passion pour leur métier (23%). Cette tension autour des enjeux de rémunération du travail se traduit par une adhésion ultra-majoritaire aux mesures visant à améliorer le pouvoir d’achat. 87% des Français sont ainsi favorables à la défiscalisation des heures supplémentaires travaillées. La revalorisation du SMIC de 10% et la réduction des cotisations salariales et patronales suscitent l’adhésion de plus de 8 Français sur 10 (86% et 83%).
La question du temps de travail divise davantage
Alors que les résultats de l’enquête montrent qu’il y a un consensus autour du fait que le travail ne paie pas suffisamment, la question du temps de travail est quant à elle beaucoup plus clivante. 56% des Français estiment que les Français travaillent suffisamment, 25% qu’ils ne travaillent pas assez et 19% qu’ils travaillent trop. Assez paradoxalement, ce sont les personnes qui ne travaillent plus qui estiment que les Français ne travaillent pas assez : presque 1 Français âgé de plus de 65 ans sur deux partage une telle opinion (47%). Ces derniers soutiennent aussi plus largement une éventuelle abrogation des 35 heures (62%), alors que les salariés s’y déclarent majoritairement hostiles (53%).
La réduction du temps de travail à 32 heures – mesurée prônée par certains candidats de gauche – clive aussi au sein de la population française avec 45% d’adhésion. Cette proposition étant soutenue par les jeunes, les ouvriers, les demandeurs d’emploi et les sympathisants de gauche.
Les Français doutent de la possibilité d’atteindre le plein emploi à l’horizon 2030
Alors que le taux de chômage recule depuis plusieurs mois et s’établit désormais à un des niveaux les plus bas enregistrés depuis 15 ans, les Français demeurent sceptiques quant à la possibilité d’atteindre le plein emploi. Ils sont seulement 29% à envisager un tel scénario à l’horizon 2030. Certes, ils sont un peu plus nombreux qu’en 2018 à estimer que le chômage diminue (27% contre 21%) mais ils sont aussi un tiers à le percevoir comme étant en augmentation (33%). Si ce contexte de retour à l’emploi n’est pas perçu par tous, il se traduit néanmoins par des jugements plus sévères à l’encontre des chômeurs. Désormais, deux tiers des Français estiment que ces derniers pourraient trouver du travail s’ils le voulaient vraiment, une proportion en progression de 19 points par rapport à 2014. La question de l’allocation des demandeurs d’emploi clive aussi au sein de la population avec 51% des Français favorables à une baisse des allocations et à une réduction de la période d’indemnisation contre 49% hostiles à une telle mesure.
Emmanuel Macron est perçu comme étant le candidat le plus à même d’améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs
Signe du fait qu’il aborde l’élection présidentielle en position de force, c’est Emmanuel Macron qui est le plus largement perçu comme étant le candidat le plus à même d’améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs (42%), devant Marine Le Pen (37%) et Jean-Luc Mélenchon (36%). Valérie Pécresse (29%) et Eric Zemmour (26%), tous les deux crédités de plus de 10% d’intentions de vote bénéficient d’un niveau de confiance moins importan