LADAPT et l’IFOP publient les résultats d’une grande enquête destinée à dresser un état des lieux de la situation des personnes handicapées en France. En voici, les principaux enseignements :
Les personnes en situation de handicap doivent faire face à des difficultés pour accéder à un emploi mais sont satisfaites de leur situation une fois en poste
Premier enseignement de cette enquête, sur le plan du vécu professionnel, les actifs en situation de handicap se déclarent tout aussi satisfaits de leur situation (76% dont 20% « très satisfaits ») que l’ensemble des actifs français (77% dont 17% « très satisfaits »).
Très largement, ils ont le sentiment d’effectuer un travail utile (84% et 83% pour l’ensemble des actifs), se sentent bien intégrés (81% contre 87%), sont motivés (77% contre 75%) et fiers d’appartenir à leur entreprise (77% contre 79%). Certes, ils se sentent un peu plus stressés (60% contre 52%) mais sont aussi plus nombreux à estimer que leur travail est reconnu à sa juste valeur (64% contre 57%). Très largement, ils ont le sentiment d’effectuer un travail utile (84% et 83% pour l’ensemble des actifs), se sentent bien intégrés (81% contre 87%), sont motivés (77% contre 75%) et fiers d’appartenir à leur entreprise (77% contre 79%). Certes, ils se sentent un peu plus stressés (60% contre 52%) mais sont aussi plus nombreux à estimer que leur travail est reconnu à sa juste valeur (64% contre 57%).
L’ampleur des comportements de renoncements témoigne des difficultés économiques auxquelles doivent faire face les personnes handicapées en France
49% des personnes en situation de handicap ont le sentiment de s’en sortir facilement avec les revenus de leur foyer, soit une proportion assez proche de celle mesurée dans la population française (52%). Si sur le plan du ressenti, les résultats ne sont donc pas catastrophiques, les choses sont tout autre sur le plan du vécu. 62% des personnes en situation de handicap ont déjà renoncé à aller chez le coiffeur (+ 17 points par rapport à l’échantillon témoin). L’écart mesuré par rapport au grand public apparait encore plus spectaculaire concernant l’accès aux soins dentaires : 50% des personnes handicapées y ont déjà renoncées (+ 22 points par rapport à l’échantillon témoin). Les résultats de l’enquête montrent par ailleurs que plus d’un quart des personnes en situation de handicap se sont déjà procuré des denrées alimentaires auprès d’une association (+ 14 points). Les comportements de renoncements semblent trouver leurs sources avant tout dans des raisons économiques : ils sont d’autant plus fréquents que les personnes ont des revenus peu élevés. Ainsi, 28% des sondés appartenant aux « catégories aisées » témoignent d’un renoncement à des soins dentaires contre 78% de ceux qui appartiennent aux « catégories pauvres ».
Une situation satisfaisante sur le plan de l’accès aux soins mais des difficultés dans les relations avec l’administration
Les résultats de l’enquête révèlent aussi des éléments plus positifs. Le niveau de satisfaction exprimé par les personnes en situation de handicap concernant la dernière consultation médicale s’avère élevé et proche de celui enregistré auprès de l’ensemble des Français. Le dernier rendez-vous a ainsi été l’occasion de s’exprimer (87% contre 86% dans l’échantillon témoin), a permis aux personnes de comprendre ce qui les concerne (82% contre 87%), a laissé suffisamment de temps pour échanger avec le médecin (80% contre 84%). A l’aune des résultats, on ne peut pas donc en conclure à un « traitement différencié » entre personnes handicapées et ensemble des patients en matière d’accès aux soins. Un résultat positif qui ne doit toutefois pas occulter les difficultés pour obtenir une consultation auprès d’un médecin spécialiste. En moyenne, le délai d’attente déclaré pour l’obtention d’un rendez-vous se situe ainsi entre 50 et 60 jours (54 pour l’échantillon de PSH et 57 pour l’échantillon grand public). Là encore, les résultats ne diffèrent que peu d’un échantillon à un autre mais témoignent de l’ampleur de la problématique de désertification médicale en France.
Les résultats de cette enquête donnent à voir l’ampleur des renoncements auxquels doivent faire face les personnes handicapées en France. Abandon devant une démarche administrative qui ne peut-être faite que par internet, incapacité à se rendre chez un professionnel de santé… Ce « grand renoncement » trouve sa source dans des difficultés économiques mais également un défaut d’accessibilité. A l’aune des résultats, on voit l’ampleur du chemin qui reste à parcourir pour rendre la société française réellement inclusive.
Ne cédons pas pour autant aux sirènes du pessimisme. Les résultats de cette enquête livrent aussi des enseignements très encourageants. Il en va ainsi notamment de la vie professionnelle. Les personnes handicapées font face à des obstacles réels pour accéder à un emploi mais lorsqu’elles y parviennent, elles trouvent leur place dans l’entreprise. De surcroit, elles indiquent que si elles n’avaient plus besoin d’argent pour vivre, elles continueraient à travailler. On comprend dès lors que l’accès à l’emploi est contributif à l’intégration dans la société.
Plus globalement, il est frappant de voir que le handicap est un sujet qui touche l’opinion. Parmi seize causes testées, c’est la 2e pour laquelle les Français seraient les plus prêts à se mobiliser. Au regard de cette sensibilité, cette thématique apparait comme porteuse pour les candidats à l’élection présidentielle, ils auraient probablement tout intérêt à s’en emparer.