L’accession à la grand-parentalité est source d’épanouissement pour une part très importante des grands-parents
L’accession à la grand-parentalité – se produisant en moyenne à 53 ans – est source de bonheur pour la quasi-totalité des grands-parents interrogés. 94% des grands-parents sondés se déclarent ainsi heureux en pensant aux relations avec leurs petits-enfants et ils sont mêmes 70% à se déclarer très heureux.
Ils apprécient quasi-unanimement passer du temps avec eux (93%) et ont une relation de complicité avec leur petits-enfants (85%). Grands-parents et petits-enfants partagent très largement des valeurs (84%) et ces derniers sont sources de réconfort pour leurs grands-parents (76%). Cette complicité atteint pour une majorité de grands-parents son acmé lorsque lors de la petite-enfance. ¾ estiment ainsi que c’est à cette période-là qu’ils ont été les plus heureux (76%) et deux tiers, les plus proches (68%). Si la relation entre grands-parents et petits-enfants est donc avant tout une relation émotionnelle, elle est aussi l’occasion pour les grands-parents de se sentir utiles. De fait, l’investissement en temps et en argent des grands-parents est conséquent.
Un rôle important joué par les grands-parents au sein de la cellule familiale
A rebours des analyses autour d’une « guerre des générations », les résultats de cette enquête donnent au contraire à voir l’importance des liens intergénérationnels à l’œuvre dans la société française. L’investissement d’une part importante des grands-parents à la fois en termes financiers et en termes de temps passé est notable. Ainsi, en moyenne, les grands-parents consacrent 585 euros par an à chaque petit-enfant. Le premier poste de dépense étant les cadeaux (221 euros en moyenne), suivi de près par les dons d’argent (202 euros) et les dépenses consacrées au loisirs (163 euros en moyenne). La portion de grands-parents ne dépensant pas d’argent pour leur(s) petit(s) enfant(s) est congrue (7 à 37% selon les postes de dépenses).
Au-delà de cet investissement financier, les grands-parents consacrent également du temps à leurs petits-enfants, ce qui constitue une aide appréciable pour les parents de ces derniers. Ainsi, les grands-parents sont plus d’un sur deux à s’occuper de leur(s) petit(s) enfant(s) au moins une heure par semaine (55%). Assez logiquement, le temps passé est directement corrélé à la distance entre le domicile des grands-parents et celui des petits-enfants. Enfin, plus des trois quarts des grands-parents accueillent leur(s) petit(s) enfant(s) au moins quelques jours par an (dont 30% plus d’un mois dans l’année).
Parents et grands-parents sont au diapason et entretiennent des relations apaisées
A l’aune des résultats de cette enquête, les relations entre les grands-parents et leurs propres enfants apparaissent comme étant assez apaisées. Bien qu’un peu plus nuancés, les parents se déclarent très majoritairement heureux quand ils pensent aux liens qui les unissent à leurs propres parents (85% dont 36% « très heureux »). En outre, la naissance d’un enfant s’accompagne pour une part substantielle des familles d’une amélioration des relations entre les grands parents et leurs enfants. En osmose, ces derniers sont ainsi 4 sur 10 à les juger plus confiantes (45% des grands-parents, 39% des parents), plus complices (40% et 41%) et plus tendres depuis la naissance d’un enfant. Battant aussi quelques peu en brèche l’idée selon laquelle les frictions autour de l’éducation des enfants seraient nombreuses et fréquentes, les résultats montrent que seulement une minorité de grands-parents juge l’éducation inculquée comme étant trop ou pas assez stricte (34%), sévère (34%), indulgente (31%) ou stressée (29%). A l’inverse, entre deux tiers et trois quarts des grands-parents les jugent adaptées. De la même manière, seule une minorité de grands-parents exprime de l’agacement autour des consignes données par leurs enfants. Seulement 19% d’entre-eux déplorent ainsi le fait de recevoir des consignes trop strictes ou s’agacent d’être repris par leurs enfants sur la manière dont ils s’occupent de l’éducation de leurs petits-enfants (18%).
C’est donc une relation de confiance qui unit les grands-parents et leurs enfants, d’autant plus que ces premiers n’hésitent pas à prendre quelques libertés vis-à-vis des consignes données (37% assouplissent les règles et 48% ne les respectent pas). Un point dont les parents ont d’ailleurs conscience, 80% estimant que leur(s) parent(s) assouplissent ou ne respectent pas les règles qu’ils leurs ont indiquées. De leur côté, le principal grief exprimé par les grands-parents concerne le fait de ne pas avoir de nouvelles de leurs petits-enfants (41% s’en agacent souvent ou parfois) et dans une moindre mesure d’avoir le sentiment qu’on part toujours du principe qu’ils sont disponibles (36%).
Une diminution douloureuse des relations entre les grands-parents et les petits-enfants du fait de la crise du Coronavirus
Assez logiquement, les mesures de distanciation sociale se sont accompagnées d’une diminution des échanges intergénérationnels. 57% des grands-parents affirment ainsi avoir beaucoup moins vus leurs petits-enfants (dont 16% pas du tout). Un phénomène encore plus fréquent parmi les plus de 75 ans qui s’explique probablement par une inquiétude plus marquée à l’égard d’une éventuelle contamination au Covid 19. Signe de bonnes relations entre les parents et les grands-parents, c’est d’un commun accord qu’ont majoritairement été prises les décisions de moins se voir (65%).
Une réduction des relations en partie compensée par une augmentation des échanges numériques
Si une majorité de grands-parents ont beaucoup moins vus leurs petits-enfants, il convient toutefois de souligner que plus d’un tiers d’entre-eux leurs ont consacré davantage de temps à distance via les outils numériques (34%). A cet égard, il est possible que la crise du Covid 19 contribue à accélérer la digitalisation des modes de vie chez certains publics, qui étaient jusqu’à présent peu coutumiers des nouvelles technologies.
Parents et grands-parents déplorent avant tout l’impact émotionnel de l’éloignement, notamment le manque de tendresse
Si les grands-parents estiment que c’est surtout eux qui ont souffert de cet éloignement contraint (73%), il est intéressant de constater que les parents ont davantage regretté la présence rassurante des grands-parents (41%) et leur tendresse (34%) plutôt que leur aide pour leur faciliter la vie (19%) ou pour les devoirs (6%). A cet égard, ils sont une fois de plus au diapason avec leurs parents qui ont souffert surtout sur le plan émotionnel (deux tiers indiquent surtout souffrir du manque de tendresse). Enfin, conséquence probable de cet éloignement contraint, les grands-parents sont désormais 69% à dire qu’ils aimeraient s’occuper davantage de leurs petits-enfants, un chiffre en progression de 8 points par rapport à l’étiage mesuré en 2018 avant la crise sanitaire.
Alors même que la crise du Coronavirus s’est accompagnée d’une montée en puissance des discours opposant « une génération sacrifiée » à une « génération privilégiée », issue du babyboom, les résultats de cette enquête permettent de nuancer très sérieusement cette thèse d’un conflit générationnel. L’étude IFOP pour Notre temps met en effet en exergue l’importance des relations entre parents, grands-parents et petits-enfants au sein de la société française. Si l’accession au statut de grand-parent est source de bonheur pour les personnes concernées, elle s’accompagne aussi d’un investissement conséquent en termes de temps et d’argent à destination des enfants et petits-enfants.