L’histoire enseigne que les périodes de crise sont souvent marquées par la poussée des sentiments racistes et xénophobes. Près d’un an après le début de la crise sanitaire et économique, l’Union des étudiants juifs de France et SOS racisme ont souhaité mesurer l’état des préjugés au sein de la population française. La crise du Covid 19 s’accompagne-t-elle d’une poussée des sentiments ? Afin d’objectiver cette question, IFOP a réalisé une enquête quantitative exclusive s’inscrivant dans une logique barométrique.
En effet, IFOP étudie depuis 1946 la perception et la diffusion des opinions racistes au sein de la société française. Ainsi cette enquête s’inscrit dans le temps long, en comparant l’état des préjugés en 2021 avec ceux exprimés dans des enquêtes en 1946, 1966, 1977, 1978, 1984, 1987, 2005, 2014, 2016 et 2019. A cet égard, les données recueillies lors de ces trois dernières enquêtes permettent plus particulièrement de confirmer ou d’infirmer un effet crise du Covid sur l’état du racisme en France.
La mesure des opinions racistes à travers une enquête auprès du grand public ne saurait constituer un souhait de les propager : ce sont les résultats de telle ou telle question de ce sondage qui sont susceptibles d’impressionner ou de choquer, non l’instrument qui permet de les mesurer.
Les chiffres clés de l’enquête :
- Les résultats de ce sondage tendent à corroborer le constat fait la CNCDH dans son baromètre d’une société française plus tolérante. Ainsi, si en 1984, un tiers des Français se déclaraient gênés à l’idée d’avoir comme voisin une famille arabe (32%), cette proportion n’est « plus » que d’un quart en 2021 (26%). La proportion de Français se sentant gênés à l’idée d’avoir comme voisin une famille asiatique (6% contre 13%) ou noire (13% contre 18%) reflue également.
- La comparaison des résultats de l’enquête de 2021 avec ceux obtenus sur des indicateurs analogues en 2019, 2016 et 2014 infirme l’idée qu’il pourrait y avoir une poussée des opinions racistes avec la crise du Covid. Au contraire, les opinions racistes tendent pour partie à reculer par rapport à 2014. Les préjugés antisémites se maintiennent à des niveaux comparables à ceux mesurés en 2019.
- Pour autant, le niveau de racisme mesuré en 2021 demeure particulièrement prégnant, notamment à l’égard des Roms et des musulmans. Ainsi, un Français sur deux estime qu’il y a « trop » de Roms en France et ils sont 41% à estimer que les musulmans sont trop nombreux.
- Les Français ne minimisent pas le racisme et l’antisémitisme en France et estiment largement qu’il s’agit de phénomènes présents. Ils sont par ailleurs plus d’un sur deux à se sentir personnellement concernés par l’antisémitisme (54%), le racisme anti-musulman (50%) ou le racisme anti-noir (50%).