Dans une période toujours marquée par l’omniprésence de la crise sanitaire et la « suspension » du débat politique (y compris de la campagne pour les prochaines élections régionales), le rapport de forces actuel en vue de l’élection présidentielle de 2021 reste dominé par les finalistes de 2017. Ainsi, si le premier tour de la présidentielle devait avoir lieu ce dimanche, 28% des suffrages iraient à Marine Le Pen, soit 4 points de plus que dans un précédent sondage réalisé en octobre dernier. Emmanuel Macron, lui, demeurerait second, avec 24% des intentions de vote (+1). Derrière ce duo de tête : Xavier Bertrand (14%), Jean-Luc Mélenchon (10%), Anne Hidalgo (8%) et Yannick Jadot (6%).
Dans les hypothèses aujourd’hui improbables de seconds tours opposant Marine Le Pen aux représentants des anciens partis de gouvernement (le Parti socialiste et Les Républicains – c’est la raison du test avec ces deux personnalités en particulier), la présidente du Rassemblement National l’emporterait d’un cheveu face à Anne Hidalgo (51-49, dans la marge d’erreur) mais perdrait face à Xavier Bertrand (43-57). La président de la région Hauts-de-France ferait ainsi mieux qu’Emmanuel Macron, aujourd’hui crédité de 53% des suffrages en cas de duel contre Marine Le Pen.
Toutefois, l’enseignement principal de ce sondage tient dans la fragilisation du « front républicain » face au Rassemblement National. Dans le cas d’un second tour Hidalgo – Le Pen, une part importante d’électeurs du premier tour se réfugierait dans l’abstention ou les votes blanc ou nul, que ce soit chez ceux de Jean-Luc Mélenchon (28%), d’Emmanuel Macron (36%) ou de Xavier Bertrand (44%, avec 34% allant chez Marine Le Pen). Dans la situation inverse, une part toujours importante de l’électorat de gauche refuserait de choisir entre Xavier Bertrand et Marine Le Pen : 45% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, 33% de ceux d’Anne Hidalgo, 44% de ceux de Yannick Jadot. Enfin, dans le cas d’une répétition du duel de 2017, la gauche serait beaucoup moins susceptible de se reporter sur Emmanuel Macron qu’elle ne l’a fait en 2017 : 47% de électeurs de Jean-Luc Mélenchon choisiraient se sortir du jeu (contre 32% en 2017), 28% choisissant de vote Le Pen contre 25% pour le président sortant ; 35% des électeurs Hidalgo refuseraient eux aussi ce choix (contre 17% des hamonistes de 2017) et 44% de ceux de Yannick Jadot.