Alors que s’achève le lent processus de déconfinement entamé le 11 mai, quel a été l’effet de la levée des restrictions sanitaires liées au Covid-19 sur l’activité sexuelle des Français en général et les rencontres entre célibataires en particulier ? Réalisée pour Pornhub par le pôle « Genre, sexualités et santé sexuelle » de l’Ifop, cette étude menée auprès d’un échantillon représentatif de 3 000 Français permet de mesurer l’ampleur du « déconfinement sexuel » en France et la persistance des freins liés au virus en matière de rencontres et de sexualité. A l’heure où les autorités publiques et sanitaires craignent une « seconde vague » engendrée par un « grand relâchement », cette enquête révèle qu’en dépit des frustrations vécues durant le confinement, les célibataires tendent plutôt à la prudence et à un désir de sécurité affective et sexuelle (« safe sex »).
LES CHIFFRES CLÉS :
- Depuis le 11 mai, l’activité sexuelle des célibataires a repris sans pour autant retrouver le niveau d’avant le confinement : un tiers (33%) des célibataires déclarent avoir eu un rapport sexuel durant le mois ayant suivi le confinement, soit une proportion en nette hausse par rapport à la fréquence de leurs relations intimes durant le confinement (13%) mais qui reste en-deçà de celle observée avant le 17 mars (44%).
- Signe des difficultés à faire des rencontres autant qu’à prendre des risques avec des inconnus, l’essentiel de cette activité sexuelle se concentre entre célibataires qui se connaissaient auparavant : 25% ont eu un rapport sexuel avec une personne avec laquelle ils avaient déjà couché (ex : « ex », partenaire sexuel régulier ou occasionnel…), contre seulement 5 à 6% avec quelqu’un rencontré après le 11 mai.
- Cette réduction de leur vivier de partenaires tient notamment à la difficulté actuelle à faire des rencontres – reconnue par une majorité des célibataires (57%) – dans un contexte marqué des rapports entre les sexes plus tendus : la majorité des femmes de moins de 35 ans (51%) estiment que « les hommes sont plus enclins qu’avant à importuner une femme dans les lieux publics ».
- Alors que les mois de « disette sexuelle » imposée par le confinement auraient pu inciter les célibataires français à une « boulimie de sexe », force est de constater qu’ils expriment avant tout un besoin de stabilité sexuelle et affective : 90% d’entre eux préférant chercher un seul partenaire pour établir une relation stable plutôt que « multiplier les partenaires sexuels pour rattraper le temps perdu » (10%).
- A noter que le COVID-19 ne restreint pas seulement les occasions de rencontres des célibataires par les restrictions sanitaires qu’il leur impose mais aussi par la crainte qu’il suscite… La crainte d’être infecté par le virus a déjà empêché près d’une célibataire sur deux de fréquenter un lieu où elle aurait pu rencontrer des potentiels partenaires (43%) ou d’embrasser quelqu’un qui lui plaisait (45%).
- Plus grave, la crainte d’être infecté par le virus est à l’origine d’une nouvelle stigmatisation sur le marché sexuel qui affecte les personnes travaillant dans des secteurs exposés aux virus ou l’ayant déjà attrapé : 59% de célibataires refuseraient d’avoir un rapport avec une personne susceptible d’être exposée au virus (ex : professionnels de santé…) et 58% toute relation avec un individu qui a été infecté par le Covid-19.
Le point de vue de François Kraus, directeur du pôle « Genre, sexualités et santé sexuelle » de l’Ifop
Au regard des résultats de cette enquête, la phase de déconfinement (11 mai – 15 juin) n’a pas poussé les célibataires français à la « boulimie de sexe » et de partenaires qu’aurait pu susciter le besoin de rattraper les mois de « disette sexuelle » imposée par le confinement. Au contraire, dans un contexte marqué par une diminution sans précèdent des opportunités de rencontres liée notamment à la fermeture des espaces de danse (ex : night-club, bals, bars avec dance floor…) et une baisse des interactions sociales dans les autres potentiels lieux de rencontres (ex : travail, université, concerts, soirées entre amis…), la tendance semble plutôt être à la prudence et à un désir plus large de sécurité affective (monogamie) et sexuelle (« safe sex »). Produit de l’isolement affectif vécu durant deux mois puis du maintien des règles de distanciation physique qui incitent à une sélection plus stricte de ses partenaires et à une sexualisation plus lente des relations, ce besoin de monogamie dénote à l’heure où la tendance semblait être plutôt à la banalisation de la culture du coup d’un soir (« hookup culture »), notamment durant une période estivale généralement plus propice aux rencontres occasionnelles. Si l’impact du COVID-19 sur la vie sexuelle et affective des célibataires sera donc particulièrement intéressant à observer sur le long terme, il n’en reste pas moins pour l’heure un frein à leur liberté sexuelle en tant que source de contrainte et de crainte, en particulier envers les personnes travaillant dans des secteurs exposés aux virus ou l’ayant déjà attrapé qui font l’objet d’un rejet massif qui n’est pas sans rappeler celui qui affectait les malades du VIH dans les « années SIDA »….
Pour en savoir plus sur les enseignements de cette étude ou pour obtenir des informations quant aux conditions de réalisation d’un sondage visant à accroître le référencement naturel de votre site dans une logique S.E.O., vous pouvez contacter directement François Kraus au 0661003776 (francois.kraus@ifop.com)
écrit par François Kraus