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Dossier spécial

Confinement… « Ma casa va craquer? »

Quel est l’impact des conditions de logement des Français sur leur bien-être psychologique, les tensions conjugales et les relations intrafamiliales ? A l’heure où les Français entament leur quatrième semaine de confinement et où l’on observe un bond des violences conjugales, l’Ifop publie une enquête auprès des confinés pour savoir comment ils vivent à leur domicile à l’heure de l’assignation à résidence et du télétravail. Réalisée pour Consolab auprès d’un échantillon national représentatif de 3 000 Français, cette enquête met en lumière les différentes sources de tensions conjugales et leur impact sur les violences conjugales et le bien-être psychologique des Français.

 

Chiffres clés :

 

1. Les tâches ménagères sont une source de conflit plus fréquente en milieu confiné qu’en temps normal : près d’un Français confiné sur deux (49%) rapportant des disputes conjugales à ce sujet, soit une proportion sensiblement plus forte que ce que l’Ifop avait pu mesurer l’an dernier à la même période de l’année (44%).

 

2. Or, cette contestation des rôles dans la division sexuelle du travail domestique est loin d’être un sujet à prendre à la légère si l’on en juge par l’impact qu’elle peut avoir sur les violences conjugales. En effet, le taux de victimes de violences conjugales à caractère verbal est de 30% chez les femmes s’étant régulièrement disputées à ce sujet depuis l’instauration du confinement, contre à peine 1% chez les femmes ne s’étant pas disputées avec leur conjoint.

 

3. En dehors de cette question des tâches ménagères, l’accompagnement scolaire des enfants et plus largement le travail du suivi et d’éducation des enfants apparaissent en tête des sources de tensions au sein des couples : plus d’un tiers (37%) des parents d’enfants en âge d’être scolarisés rapportent des disputes conjugales plus qu’à l’accoutumée au sujet de l’éducation des enfants, sachant que le point le plus conflictuel est le temps passé par leurs enfants face aux écrans (34%)

 

4. Mais les mesures de confinement ont également de lourdes conséquences sur le moral personnel des individus si l’on juge par la proportion de Français affirmant vivre plus qu’auparavant « des périodes intenses de stress, de nervosité ou d’anxiété » (41%), voir pour certains « des épisodes de dépression ou des pensées suicidaires » (11%).

 

5. A noter que ces tensions psychologiques sont toujours plus fortes chez les personnes ayant changé de résidence principale à cause du confinement, soit 6% de la population métropolitaine. Cette moyenne masque toutefois de fortes différences en fonction de l’âge ou du lieu de résidence : les plus nombreux à avoir quitté leur logement habituel étant les jeunes de moins de 25 ans (30%), les Franciliens (12%) et les habitants des ville-centre (9%) et des banlieues populaires (10%).

 

I)  LA RÉPARTITION DES TACHES MÉNAGÈRES EST-ELLE UNE SOURCE DE TENSIONS CONJUGALES PLUS FORTE EN MILIEU CONFINÉ ?

 

Dans un contexte de promiscuité au sein du foyer, la question se pose de savoir si le partage des tâches et des rôles domestiques est une source de tension conjugale plus fréquente qu’à l’accoutumée.

 

Or, la comparaison des données avec les résultats tirés d’une récente enquête (Ifop/Consolab – avril 2019) révèle justement que les tâches ménagères sont une source de conflit plus fréquente en milieu confiné qu’en temps normal : près d’un Français confiné sur deux (49%) rapportant des disputes conjugales à ce sujet, soit une proportion sensiblement plus forte que ce que l’Ifop avait pu mesurer l’an dernier à la même période de l’année (44%).

 

En période de confinement, au moins trois raisons contribuent à une plus grande contestation de l’inégale répartition des tâches ménagères traditionnellement observée en la matière : les femmes effectuant en moyenne il faut le rappeler les deux tiers (64%) du temps quotidien consacré par un ménage aux tâches domestiques (enquête Emploi du temps de 2010-2011) comme la cuisine, la vaisselle, le ménage, les courses ou les tâches administratives

 

  • D’abord parce que le confinement ôte à nombre d’hommes la possibilité d’échapper aux charges domestiques en se prévalant d’un manque de disponibilité lié à l’exercice d’un travail rémunéré ou de déplacements extérieurs pour des activités socialement plus légitimes (ex : achats de produit de bricolage, entretien de la voiture, transport des enfants…).

 

  • Ensuite à cause de la surcharge globale de travail domestique qu’induit le confinement, notamment via un nombre plus élevé de certaines activités (ex : repas), l’augmentation fréquente du nombre de personnes par foyer ou encore l’obligation d’effectuer certaines tâches ménagères généralement externalisées (par exemple à des femmes de ménage).

 

  • Enfin, l’explosion du temps consacré aux enfants (ex : activités de soins, aide aux devoirs, loisirs…) depuis la fermeture des écoles n’y est sans doute pas étrangère dans la mesure où la surcharge de travail parental revenant souvent aux mères, contraint les pères à effectuer les tâches domestiques qu’elles prenaient en charge…

 

En assignant au foyer les hommes autant que les femmes, le confinement crée donc les conditions favorables à une remise en cause d’un « privilège de genre » – l’inégale répartition du travail ménager – qui reposait jusque-là sur une relégation des seules « femmes » à la sphère domestique.

 

Or, cette contestation des rôles dans la division sexuelle du travail domestique est loin d’être un sujet à prendre à la légère si l’on en juge l’impact qu’elle peut avoir sur les violences conjugales.

 

En effet, chez les femmes vivant avec quelqu’un sous le même toit, le taux de victimes de violences conjugales à caractère verbal (ex : injures) s’avère très corrélé à la fréquence des disputes conjugales : d’à peine 1% chez les femmes ne s’étant pas disputées avec leur conjoint, il monte à 5% chez les Françaises s’étant parfois disputées à ce sujet pour monter jusqu’à 30% chez les femmes s’étant régulièrement (« tout le temps » + « souvent ») disputées depuis l’instauration du confinement.

 

De même, le taux de victimes de violences conjugales à caractère physique est beaucoup moins élevée chez les femmes s’étant parfois disputées à ce sujet (2%) que dans les rangs de celles s’étant régulièrement disputées depuis la mise en place du confinement.

 

 

II)  ÉDUCATION DES ENFANTS, PROGRAMME TV, REPAS … QUELS SONT LES AUTRES PRINCIPAUX SUJETS DE DISPUTES AU SEIN DES COUPLES CONFINÉS ?

 

– Quels sont les sujets de disputes autour du temps parental et de l’éducation des enfants?

 

En dehors de cette question des tâches ménagères, l’accompagnement scolaire des enfants et plus largement le travail du suivi et d’éducation des enfants apparaissent en tête des sources de tensions au sein des couples.

 

En effet, plus d’un tiers (37%) des parents d’enfants en âge d’être scolarisés rapportent des disputes conjugales plus qu’à l’accoutumée au sujet de l’éducation des enfants, sachant que le point le plus conflictuel est le temps passé par leurs enfants face aux écrans (34%), devant la manière de les éduquer (29%) ou encore du temps que chacun doit leur consacrer (27%).

 

 

La déscolarisation des enfants se révèle ainsi être chose plus difficile à gérer qu’à l’accoutumée dans des logements qui ne sont pas toujours adaptés : la proportion de Français se disputant plus à propos du temps passé par leurs enfants devant les écrans (en moyenne de 34%) étant particulièrement élevée dans les plus petites surfaces (50% dans les logements de moins de 50 m²), les villes centres des grandes agglomérations (53%) et les familles avec deux enfants et plus (40%).

 

– Quels sont les autres principaux sujets de disputes au sein des couples ?

 

Des disputes qui éclatent également plus qu’auparavant en ce qui concerne la gestion des déplacements/activités ou de la nourriture, que ce soit pour les déplacements à faire hors du domicile (18%), des activités de loisirs faites ensemble (17%) ou encore du menu des repas (15%).

 

III)  ANXIETÉ, PROMISCUITÉ, MANQUE D’INTIMITÉ…  QUEL EST L’IMPACT DU CONFINEMENT SUR LA SANTÉ PSYCHOLOGIQUE DES FRANÇAIS ?

 

L’impact psychologique des mesures de confinement sur les relations au sein de la famille ne se réduit pas qu’à des tensions ou des violences au sein des couples.

 

La mise en place du confinement a eu également de lourdes conséquences sur le moral personnel des individus si l’on en juge par la proportion de Français affirmant vivre plus qu’auparavant « des périodes intenses de stress, de nervosité ou d’anxiété » (41%), voir pour certains « des épisodes de dépression ou des pensées suicidaires » (11%). Et dans le détail, le coût psychologique du confinement – à savoir les personnes rapportant plus d’anxiété – est là aussi plus élevé pour les habitants des immeubles des quartiers populaires (50%), les personnes ayant des revenus individuels inférieurs à 900 € HT et les familles avec deux enfants et plus (58%).

 

L’épidémie du coronavirus fait donc ressortir encore très fortement les inégalités préexistantes en matière de revenu ou de logement : le confinement rend matériellement insupportable les conditions de logement difficiles d’une partie importante de la population assignée à domicile des jours entiers là ou auparavant, une grande partie de la vie sociale était situé à l’extérieur.

 

La cohabitation permanente et inhabituelle des membres d’un foyer sous le même toit crée aussi pour certains plus de difficultés qu’à l’accoutumée : 29% des Français avouent avoir des difficultés à travailler en présence d’autres membres du foyer, 22% de souffrir des différences de rythmes de vie entre personnes vivant sous le même toit, et 11% de souffrir du bruit du voisinage.

 

Pour en savoir plus sur les enseignements de cette étude ou pour obtenir des informations quant aux conditions de réalisation d’un sondage visant à accroître le référencement naturel de votre site dans une logique S.E.O., vous pouvez contacter directement François Kraus au 0661003776 (francois.kraus@ifop.com)

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Infographie Les résultats

Méthodologie de recueil

L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 3 011 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d'agglomération. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 21 au 23 mars 2020.

Votre interlocuteur

François Kraus Directeur du pôle Politique / Actualités - Opinion & Stratégies d'Entreprises

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L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 3 011 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d'agglomération. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 21 au 23 mars 2020.

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