A l’approche de l’épreuve du maillot, le dévoilement des corps confronte indéniablement les femmes aux normes corporelles dominantes. Dédié à la perte de poids et aux façons de se sentir bien dans sa peau, le site d’information Naturavox a commandé à l’Ifop une grande enquête pour savoir comment les Françaises se situaient en termes de corpulence et de beauté par rapport à leurs voisines européennes. Réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 5 000 personnes (dont 1000 Françaises), cette étude montre que dans un pays comme la France où le sous-poids des femmes est plus valorisé que dans le reste de l’Europe , le décalage entre poids réel et poids idéal est tel qu’il favorise les complexes liés au physique dans le couple. On voit une tendance au dénigrement de son physique qui va de pair avec une mésestime de soi et des formes de délaissement de la part du conjoint sur le plan sexuel.
1 – L’obésité en France : un problème qui affecte trois fois plus de femmes qu’il y a trente ans
En France, la corpulence des femmes a fortement augmenté au cours des 40 dernières années, notamment via l’augmentation significative de l’obésité féminine depuis les années 90. La proportion de Françaises qualifiées d’obèses au regard de leur indice de masse corporelle a presque triplé entre 1992 (6,2%) et 2019 (15,3%).
2 – Une prévalence de l’obésité moins forte en France que dans les autres pays du Nord-Ouest de l’Europe
Malgré cette progression du nombre d’obèses sur le long terme, les Françaises occupent toujours le bas du classement de l’obésité féminine en Europe. Elles se trouvent loin derrière les habitantes des pays Nord-Ouest du continent dont les résultats renforcent les clichés sur la forte corpulence (21% d’obèses au Royaume Uni, 20% en Allemagne). Les résultats confirment le caractère plus menu des méditerranéennes (13% en Italie, 17% en Espagne).
3 – L’obésité, un marqueur des disparités régionales et des inégalités sociales
Ce clivage Nord/Sud se retrouve en France où l’obésité apparaît comme un problème de santé inégalement réparti sur tout le territoire si l’on en juge par l’écart entre les régions affectées par le chômage et la désindustrialisation du nord-est de la France (22 % dans les hauts de France, 20 % dans le grand Est) et les régions du pourtour méditerranéen telle que la PACA (12%) ou l’Occitanie (12%).
Mais ces disparités régionales reflètent également sa plus forte prévalence dans les rangs des femmes ayant un capital social, économique et culturel inférieur à la moyenne. Le taux d’obésité et de pré-obésité est par exemple beaucoup plus fort chez les femmes des catégories populaires (52 %) que chez celles appartenant aux catégories supérieures (34%).
4- Les Françaises, championnes de l’autocritique à l’égard de leur propre physique
Invitées à s’auto-évaluer physiquement, les Françaises se situent comme leur voisines majoritairement « dans la moyenne » (60%). Cependant, elles se distinguent par un penchant plus fort à l’autocritique : à peine 22% d’entre elles s’estiment « jolies », soit le taux le plus faible des pays étudiés. ce taux est quasiment deux fois plus faible que celui observé chez les Italiennes (39 %). Notons d’ailleurs que le degré d’autosatisfaction à l’égard de son physique est plus fort chez les habitantes du pourtour méditerranéen (ex : 28% en PACA) sans pour autant approcher celui observé de l’autre côté des Alpes.
5- Une étroite corrélation entre la corpulence et l’estime de soi sur le plan esthétique
L’analyse détaillée des résultats montre que l’impression d’être une femme plaisante est particulièrement forte dans les catégories de la population féminine les moins affectées par des problèmes de surpoids. Il s’agit des jeunes, des femmes ayant un capital social, financier ou culturel supérieur à la moyenne ou encore celles résidant dans les villes centre et les banlieues aisées des agglomérations.
Le lien entre l’IMC et la beauté perçue est encore plus net lorsqu’on compare la proportion de femmes se jugeant jolies chez les femmes ayant une corpulence inférieure à la normale (40%) et les femmes en situation d’obésité (10%).
6- Une tendance à déprécier son physique par rapport à son conjoint
Très logiquement, on retrouve ces complexes liés au physique dans le couple. Ce manque d’estime de soi sur le plan physique/esthétique se traduit par une tendance à survaloriser la beauté de son conjoint par rapport à la sienne. Ainsi, c’est aussi en France que la proportion de femmes, jugeant leur partenaire plus beau qu’elle, est la plus élevée (29%, contre 24 % moyenne dans les pays étudiés). Ce chiffre est d’autant plus vrai chez celles ne se jugeant pas jolies (57 %).
7- Les femmes ne correspondant pas aux stéréotypes morphologiques dominants souffrent plus d’un manque d’attention de leur conjoint sur le plan sexuel.
Si une large majorité des Européennes estiment que leur conjoint est attentif à leur plaisir lors d’un rapport sexuel (82%), on observe que c’est en France que la proportion de femmes estimant que leur partenaire n’est pas attentif au fait qu’elles aient un orgasme est la plus élevée : 24%, contre 18 % moyenne dans les pays étudiés.
Or, les résultats mettent en lumière le fait que c’est dans les rangs des femmes ayant un capital physique/esthétique inférieur à la moyenne (objectif ou subjectif) que l’on trouve le plus de femmes souffrant d’un certain délaissement de leur conjoint sur le plan sexuel. Ces complexes liés au physique dans le couple émettent l’hypothèse que le conjoint estimerait moins nécessaire de lui procurer du plaisir parce qu’il évaluerait les risques de rupture conjugale moins élevé du fait d’une plus faible « valeur » sur le marché matrimonial.
Ainsi, de même que les femmes plus corpulentes sont souvent moins bien payées que celles correspondant aux normes de minceur dominantes, ces femmes semblent également moins comblées que la moyenne sur le plan sexuel.
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