Votre partenaire actuel est-il le meilleur amant rencontré dans votre vie ? Avez-vous déjà mis fin à une relation car votre partenaire ne parvenait pas à vous faire jouir ? Quel est l’ampleur du « Gap orgasm » entre hommes et femmes ? A l’occasion de la Saint-Valentin, le Département « Genre, sexualités et santé sexuelle » de l’Ifop a réalisé pour le site de conseil en séduction Online Seduction une enquête faisant le point sur ce sujet ô combien sensible qui est l’harmonie sexuelle au sein du couple, l’ampleur du fossé orgasmique existant entre les deux sexes et l’importance donnée à la performance sexuelle du partenaire dans le choix du conjoint.
LA QUESTION DE L’ORGASME DANS LE COUPLE : UN TABOU DE PLUS EN PLUS PESANT ?
La généralisation de modèles conjugaux fondés sur le principe de réciprocité des plaisirs entre partenaires ne s’accompagne pas forcément d’une plus grande transparence sur le degré réel d’harmonie sexuelle au sein du couple.
Au contraire, la simulation constitue une pratique de plus en plus répandue dans la gent féminine : près des deux tiers des Françaises (62%) admettent avoir déjà feint d’atteindre l’orgasme dans leur vie, soit une proportion qui a quasiment doublé en vingt ans (32% en 1998).
De même, la volonté de dissimuler un manque d’harmonie sexuelle au sein du couple a déjà poussé plus d’une femme sur trois (38%) à mentir aux conjoints s’étant enquis directement de leur plaisir après un rapport avec une question de type « T’as joui ? ».
La difficulté à assumer de ne pas coller au modèle du couple « épanoui et équilibré sexuellement » transparaît aussi dans le nombre significatif de femmes (34%) admettant avoir déjà caché à leurs ami(e)s qu’elles ne jouissaient pas avec leur partenaire, notamment dans les « jeunes couples » (49% pour celles en couple de moins de 3 ans).
Le point de vue de François Kraus : Les effets prescriptifs du discours sur l’importance de la réussite sexuelle du couple semblent avoir encastré la question de la réciprocité du plaisir dans la gestion de la relation conjugale au point d’en faire un tabou de plus en plus pesant. Malgré l’exigence croissante de transparence en matière d’émotions intimes, la place décisive accordée à l’orgasme dans la réussite sexuelle du couple freinerait donc la libre parole sur le sujet, en particulier chez les sujets en phase de construction de leur sexualité et/ou en début de relation. En cela, le succès d’espaces de discussions comme le compte Instagram @tasjoui est sans doute le reflet du besoin profond des femmes de pouvoir libérer leur parole sur le sujet.
LE « ORGASM GAP » ENTRE HOMMES ET FEMMES : MYHTE OU REALITE ?
Si cette étude montre qu’une partie de plus en plus large de la gent féminine souffre régulièrement d’anorgasmie (absence d’orgasme), les difficultés à jouir affectent aussi un nombre significatif d’hommes.
Près de huit Françaises sur dix (78%) sexuellement actives admettent avoir déjà eu des difficultés à jouir, soit une proportion en hausse significative (+13 points) par rapport à ce que l’INSERM avait mesuré en 2006 (65%). Mais les difficultés à jouir affectent aussi un nombre significatif d’hommes : 57% des hommes sexuellement actifs admettent avoir déjà eu du mal à jouir, dont 62% avec leur partenaire actuel.
Indicateur plus précis du fossé orgasmique entre les deux sexes, l’observation d’une réaction orgasmique lors du dernier rapport sexuel confirme que l’absence d’orgasme affecte sensiblement plus la gent féminine que masculine : une femme sur quatre (26%) déclare ne pas avoir joui au cours de son dernier rapport sexuel, soit une proportion nettement plus forte que chez les hommes (14%) et sensiblement en hausse par rapport à ce que l’on pouvait observer en 1992 (située alors à 12%).
Contrairement aux idées reçues, les hommes semblent mieux percevoir le défaut de jouissance de leur partenaire : 20% des hommes estiment que leur partenaire n’a pas eu d’orgasme lors de leur dernier rapport – alors qu’elles sont 26% en réalité – tandis que le taux d’estimation du problème par la gent féminine est, lui, trois fois inférieur (6%) a la réalité vécue par les hommes (15%).
LA PERFORMANCE SEXUELLE DU CONJOINT : UNE EXIGENCE PAS AUSSI FORTE QUE CA…
Votre partenaire actuel est-il le meilleur amant rencontré dans votre vie ? Avez-vous déjà mis fin à une relation car votre partenaire ne parvenait pas à vous faire jouir ? Diriez-vous qu’il est attentif au fait que vous atteignez l’orgasme ? La réponse à ces questions tend à relativiser quelque peu l’importance donnée à la performance sexuelle du partenaire dans le choix du conjoint.
Les Français sont en effet loin d’être aujourd’hui tous en couple avec le/la meilleur(e) amant(e) de leur vie : un tiers (38% des hommes, 30% des femmes) ne considère pas leur partenaire du moment comme le «meilleur coup» de toutes les personnes avec lesquelles elles ont fait l’amour. Ils sont cependant deux fois moins nombreux à considérer que leur partenaire du moment n’est pas le plus attentif à leur plaisir.
L’importance relative accordée aux « qualités sexuelles » du partenaire dans le choix du conjoint transparaît aussi dans le nombre relativement faible de personnes ayant mis fin à une relation parce qu’elles trouvaient leur partenaire insuffisamment attentif à leur plaisir : 24% chez les femmes.
Enfin il est intéressant de noter que les femmes sont sensiblement plus nombreuses (87%) que les hommes (76%) à trouver que leur partenaire actuel est attentif à leur plaisir, signe que l’attention portée par les hommes au plaisir de leurs partenaires est soit plus élevée que ce qu’on peut lire sur le sujet, soit sur-valorisée par les femmes chez leur partenaire par rapport à ce qu’elles supposent être chez le reste de la gent masculine, soit les deux…
Cette plus forte attention de la gent masculine portée à l’épanouissement sexuel de leur partenaire transparaît d’ailleurs dans la proportion non négligeable d’hommes (44 %, contre 17% de femmes) admettant être déjà allés chercher des informations ou des techniques sur le Web pour que leurs partenaires atteignent plus facilement l’orgasme avec eux.
Le point de vue de François Kraus : Si les résultats de cette étude confirment que les femmes ont toujours plus de difficultés à jouir que les hommes, ils battent aussi en brèche les idées reçues selon lesquelles l’absence d’orgasme affecterait essentiellement la gent féminine ou que la majeure partie des hommes ne porteraient pas attention au plaisir de leur partenaires. En effet, il apparait non seulement que les hommes sont loin d’être épargnés par les problèmes existant autour de l’orgasme dans le couple (ex : anorgasmie, simulation…) mais aussi qu’ils sont très majoritairement attentifs – aux dires des femmes elles-mêmes – au plaisir de leur partenaire. En cela, la résolution des inégalités d’accès à l’orgasme entre les deux sexes semblerait donc moins une question de volonté de la gent masculine – exprimée par les hommes autant qu’elle est massivement perçue par les femmes – que de mise en œuvre et d’application des scripts et techniques procurant le plus facilement un orgasme féminin.