La vague de décembre du tableau de bord politique Ifop-Fiducial pour Paris Match et Sud Radio, marquée par une forte détérioration de l’image du président de la République et de son Premier ministre, livre les enseignements suivants :
- Pour le deuxième mois consécutif, la cote d’approbation de l’action du président de la République se dégrade significativement : elle chute de 6 points en novembre pour atteindre le niveau plancher de 23%, résultat d’une perte de 10 points en deux mois. Emmanuel Macron recueille désormais un niveau de soutien équivalent à celui de son prédécesseur François Hollande à la même époque. Autre élément inédit révélateur de l’évolution de l’état d’esprit des Français : 50% d’entre eux désapprouvent fortement (+12 points en un mois) l’action du président de la République. Le chef de l’Etat est désormais nettement minoritaire dans toutes les catégories sociales, y compris chez les cadres et professions intellectuelles supérieures (38%, -9 points en un mois, -17 en deux mois). Son assise politique apparaît de surcroît fragilisée dans ses bases mêmes puisque seuls 53% de ses électeurs en 2017 approuvent encore son action, une évolution qui frappe par son ampleur et sa soudaineté (-18 points en deux mois).
- Au-delà de cet aspect, les représentations associées au chef de l’Etat continuent globalement de se déprécier : la dégradation de son image, déjà particulièrement entamée en matière de proximité avec les Français, continue de s’approfondir dans ce domaine (11% de considérations positives sur ce sujet, -7 points). Les autres domaines testés connaissent aussi une détérioration de la perception des Français, bien que les niveaux atteints soient relativement moins alarmants : l’efficacité de la politique économique menée (24% de considérations positives, -5), le renouvellement de la fonction présidentielle (34%, -6), la capacité à porter une vision pour l’avenir des Français (29%, -5) et la défense des intérêts français à l’étranger (45%, -3).
- Après s’être stabilisée le mois dernier, la cote d’approbation du Premier ministre décline, dans le sillage de celle du président de la République, de 10 points à 26%. Un plancher depuis le début du quinquennat, précisément au moment où les observateurs ont souligné une forme d’intransigeance affichée par Edouard Philippe dans la gestion du mouvement des « gilets jaunes ». A cet égard, le raidissement de l’opinion est encore plus marqué à l’endroit du chef du gouvernement que du chef de l’Etat : la proportion de Français n’approuvant pas du tout son action bondit de 17 points en un mois pour culminer à 43%. Dans le détail, l’évolution de l’image du Premier ministre traduit bien ce changement de perspective : au-delà de la dégradation de son image pour ce qui est de sa capacité à diriger l’action du gouvernement (38%, -7 points) ou à réformer le pays (29%, -8 points), c’est bien sur sa disposition à être un homme de dialogue (28%, -10 points) que les Français ont le plus changé leur regard. D’où un recul concomitant de la confiance qu’inspire Edouard Philippe (27%, -9 points) et de sa proximité perçue avec les attentes des Français (19%, -9 points).
- A la faveur du mouvement des « gilets jaunes », premier sujet de conversation des Français ce mois-ci (thème cité par 88%), les rapports de forces entre les formations politiques d’opposition connaissent des évolutions notables : la France Insoumise incarne toujours la principale figure d’opposition pour 34% des Français (-1 point), mais une proportion presqu’équivalente de Français (33%, +5 points) attribue désormais ce rôle au Rassemblement National.
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