Insultes sexistes, avances répétées et autres comportements inappropriés comme l’envoi de “dick pick” ou de demandes de relations tarifées sont-elles des pratiques autant sous contrôle que l’affirment les grandes sites de rencontre ? Réalisée auprès d’un échantillon de taille conséquente – un millier d’utilisateurs extrait d’un échantillon national représentatif de 2523 personnes -, cette étude de l’Ifop pour le site UfancyMe permet pour la première fois de mesurer l’ampleur des formes de harcèlement et d’irrespect dont sont notamment l’objet les femmes sur ce type de sites. Confirmant l’évolution des représentations associées à des outils qui s’imposent désormais comme le mode privilégié pour faire des rencontres « faciles », cette étude montre aussi que ces comportements abusifs s’inscrivent dans un phénomène plus large dans lequel ces plateformes constituent le terrain propice à des rencontres où l’usage des formes élémentaires de courtoisie se perd aussi bien chez les hommes que chez les femmes.
LES SEPT CHIFFRES CLÉS
Le harcèlement sexuel sur les sites de rencontre : un phénomène de masse qui affecte surtout les jeunes femmes
1. Plus de deux femmes sur trois ont déjà été victimes d’au moins une forme de harcèlement sur une plateforme de rencontres (69%) : les comportements ayant affecté le plus d’utilisatrices étant les avances répétées (51%) et les propos obscènes à connotation sexuelle (49%), devant l’envoi de photos d’organes sexuels (42%).
2. Toutes les femmes ne sont toutefois pas exposées avec la même ampleur à ce genre de comportements. Par exemple, les jeunes femmes en sont systématiquement plus victimes que la moyenne : les deux tiers des moins de 25 ans ayant déjà reçu des photos d’organes sexuels (63%) ou fait l’objet de propos obscènes (66%).
Un traumatisme qui n’a rien de virtuel et contre lequel nombre de victimes ont déjà tenté de se protéger
3. Le caractère virtuel des agressions subies sur les plates-formes de rencontres n’atténuent en rien leur intensité. Près des deux tiers des victimes (64%) considèrent que ces formes de harcèlement en ligne sont « toutes aussi violentes que les agressions que l’on peut subir dans la vie réelle ».
4. Au regard de l’impact que de tels comportements abusifs peuvent avoir sur le plan psychologique, près des deux tiers (64%) des victimes d’une forme de harcèlement sur un site ou une application de rencontres en sont déjà venus à bloquer un autre membre indélicat.
Un manque de respect qui ne se limite pas au harcèlement stricto sensu ni uniquement à la gent féminine
5. Ces sites de rencontre apparaissent aussi comme de nouveaux territoires de prostitution auxquels sont confrontés autant les femmes que les hommes : près d’une femme sur quatre s’y est déjà vu proposer d’avoir un rapport sexuel en échange d’une forme de rétribution (24%), soit à peu près autant que d’hommes (26%).
6. Ce phénomène est sans doute facilité par le fait que ces plateformes sont un terreau propice aux rencontres sans lendemain comme l’illustre la proportion élevée de membres ne souhaitant pas avoir de relation sérieuse parmi l’ensemble de celles rencontrées par les femmes (évaluée à 57%) comme par les hommes (évaluée à 39%).
7. Dans tous les cas, le manque de respect n’y est pas l’apanage des hommes. Par exemple, les hommes sont beaucoup plus nombreux (42%) que les femmes (23%) à s’être déjà fait poser un lapin lors d’un rendez-vous tout comme ils sont un peu plus nombreux (56%) que les femmes (53%) à avoir déjà été victimes de « Ghosting ». |