A l’occasion de la publication du second tome de « Cinquante nuances de Grey », Femme Actuelle a commandé à l’Ifop une grande enquête sur le rapport des Françaises à la littérature érotique et aux différents jeux sexuels, objets et expériences susceptibles d’attiser leur désir ou de pimenter leur vie de couple. Première étude réalisée en France autour du phénomène du « mommy porn », ce sondage confirme l’attrait des femmes pour des jeux ou accessoires érotiques (SM « soft », sex toys,…) longtemps confinés à un public d’initiés ou d’amateurs de sex-shops.
Quelques chiffres clés :
– La tendance à l’élargissement du répertoire sexuel des Françaises se confirme avec des pratiques SM « soft » en nette progression : une femme sur quatre déclare avoir déjà reçu une fessée de son partenaire (24%) contre 8% en 1985.
– En revanche, la pratique de jeux érotiques de domination ou de soumission plus « hard » comme le bondage et le SM reste toujours aussi marginale (5% aujourd’hui, 3% en 1985).
– Depuis une demi-douzaine d’années, l’usage des sex toys s’est largement banalisé dans la population française. Aujourd’hui, plus d’une femme sur trois (38%) admet en avoir déjà utilisé, contre à peine 14% en 2009 et 7% en 2007.
– Pour mettre un peu de piment dans sa vie de couple, plus d’une femme sur deux (51%) serait tentée de faire l’amour dans un lieu public (ascenseur, toilettes, parc…).
– La lecture de livres érotiques est une pratique désormais largement répandue dans la gent féminine : près de six femmes sur dix (59%) admettent avoir déjà lu un livre érotique au cours de leur vie, contre un peu plus d’une sur trois en 1970 (38%).
Le point de vue de l’Ifop.
L’engouement du lectorat féminin pour un roman comme « Cinquante nuances de Grey » tend à brouiller les différences de consommation érotique observées entre les sexes qui cantonnaient jusque-là la pornographie aux hommes et les romans et magazines sentimentaux aux femmes. Car s’ils ont longtemps constitué l’équivalent féminin de la pornographie sans pour autant offrir un contenu sexuel explicite, les romans sentimentaux évoluent désormais en intégrant des pratiques sexuelles « rares » ou « transgressives » d’autant plus facilement qu’elles correspondent aux fantasmes ou pratiques en vogue dans la gent féminine. Certes, les jeux sexuels « SM » évoqués dans le livre restent des formes minoritaires de la sexualité féminine. Mais le désir des femmes d’expérimenter des scénarios nouveaux susceptibles de rompre avec la relative banalité de la vie sexuelle quotidienne en font une source de créativité et de diversification de plaisir conjugal. Ainsi, ces jeux participent au même titre que certains objets mécaniques ou outils technologiques au développement d’une vie érotique plus diversifiée. Si le « mommy porn » s’inscrit dans un mouvement plus global d’érotisation de la littérature contemporaine qui touche d’ailleurs d’autres types de production culturelle (médias, publicité,…), ce phénomène va donc de pair avec un élargissement du répertoire sexuel des Françaises.
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