Alors que deux soldats français sont tombés à Bangui, le soutien de l’opinion à l’opération Sangaris a connu une baisse sensible. L’adhésion à l’intervention militaire en Centrafrique est ainsi passée de 51 % à 44 % en une semaine. Si l’érosion du soutien populaire est la tendance généralement observée dans le cadre des opérations extérieures menées au cours de ces vingt dernières années, le mouvement est cette fois particulièrement rapide. Le fléchissement du soutien n’était intervenu qu’au bout d’un mois et demi au Mali (où les succès rapides remportés sur le terrain par les militaires de l’opération Serval avaient conforté l’approbation de l’opinion) et qu’après deux semaines de bombardement en Libye en 2011. L’autre spécificité de Sangaris en termes d’opinion réside dans le fait que l’effet d’union nationale (le « rally round the flag effect » des Anglos-Saxons) qui se manifeste lors du déclenchement d’une intervention militaire a été nettement moins puissant cette fois. Quand 66 % des Français approuvèrent l’opération en Libye dans les premiers jours et 63 % au Mali, ce niveau de soutien ne fut que de 51 % il y a une semaine quand les autorités françaises ont annoncé que nos troupes se déployaient à Bangui. Ce soutien initial moins élevé associé à une érosion très rapide aboutit donc au fait qu’une semaine seulement après son déclenchement, l’opération Sangaris est déjà impopulaire, ce qui ne fut le cas qu’au bout de trois mois pour l’opération Harmattan en Libye (49 % en juin 2011 contre 44 % aujourd’hui en Centrafrique).
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